(New York) L’affaire Jeffrey Epstein, le financier américain qui s’est suicidé samedi dans sa prison new-yorkaise, a fait apparaître au grand jour un réseau tentaculaire d'écolières et de collégiennes poussées à satisfaire son appétit sexuel inextinguible, alimenté par l’argent et de jeunes recruteuses.

« On the younger side ». Il les préfère « plus jeunes ». Voilà comment Donald Trump décrivait, en 2002, les goûts de Jeffrey Epstein en matière de femmes, qui étaient, en réalité, le plus souvent des jeunes filles.

À l’époque, le riche et brillant financier était encore fréquenté par célébrités et politiques.

Mais dans le secret de ses propriétés somptueuses de Palm Beach ou New York se jouait une autre partition, selon les enquêtes des autorités américaines et les multiples actions en justice de victimes présumées.

PHOTO KEVIN HAGEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L'extérieur de la résidence de Jeffrey Epstein située dans le Upper East Side, à New York City

Des dizaines de jeunes filles, certaines âgées de 14 ans seulement, se succédaient dans cette salle de « massage » que Jeffrey Epstein avait fait aménager, avec jouets sexuels à profusion.

Pour s’assurer un flux continu, il avait mandaté une armée de recruteuses, souvent à peine plus âgées que leurs cibles, qu’elles approchaient en douceur, présentant Jeffrey Epstein comme un bienfaiteur.

« Il m’a aidée », a expliqué l’une d’elles à Jennifer Araoz, qui avait alors 14 ans, à la sortie de son école à deux pas de la maison de Jeffrey Epstein à Manhattan. Le quinquagénaire pouvait donner un coup de pouce à sa carrière dans le monde du spectacle, promettait la recruteuse à cette adolescente qui venait d’intégrer un établissement artistique.

Jets, rétribution et cadeaux

Des jeunes filles « de milieu défavorisé », voilà le profil type des recrues de ce que le procureur fédéral de Manhattan, Geoffrey Berman, a décrit comme une « toile » en « constante expansion ».

Une fois enrôlées, les jeunes filles entraient dans le « petit livre noir », un carnet d’adresses qui finira par comprendre, selon le Miami Herald, plus de 100 noms.

Selon plusieurs témoignages, domestiques, secrétaire et recruteuses géraient au millimètre ce sombre emploi du temps, avec prise de rendez-vous, transport, parfois même en jet privé, instructions et rétribution, souvent 200 à 300 dollars par visite, voire cadeaux.

Chaque séance devait se faire nue et comprenait presque systématiquement attouchements, voire pénétration.

« J’étais terrifiée et je lui disais d’arrêter », se souvient Jennifer Araoz au sujet d’une visite lors de laquelle Jeffrey Epstein l’aurait violée. « Il n’avait aucune intention de s’arrêter. »

« Si je quittais Epstein […] il pouvait me faire assassiner ou enlever et j’ai toujours su qu’il en était capable si je ne lui obéissais pas », a expliqué Virginia Roberts lors d’une audition devant la justice.

Comme d’autres, elle a affirmé que l’ex-courtier « fournissait aussi des filles » à ses « amis », « pour qu’ils lui soient redevables ».

Jeffrey Epstein est dans le collimateur de la justice depuis 2005. En 2008, il a été officiellement inscrit au fichier des délinquants sexuels.

Mais lorsque le FBI a perquisitionné sa maison new-yorkaise, en juillet, il est tombé sur la fameuse salle de massage.