(Washington) Après plusieurs semaines de vives polémiques, Donald Trump a fait machine arrière : il a renoncé jeudi à imposer une question controversée sur la nationalité dans le prochain recensement aux États-Unis.

« Nous allons choisir une autre voie », a-t-il indiqué lors d’une déclaration depuis les jardins de la Maison-Blanche.

Cet épisode est un revers cinglant pour le président américain qui avait engagé un bras de fer sur ce sujet et évoqué la possibilité d’avoir recours à un décret présidentiel, voire de reporter l’impression des formulaires devant servir au recensement qui doit se tenir tous les dix ans selon la Constitution.

La Cour suprême a bloqué il y a deux semaines l’ajout de cette question dans le prochain recensement, jugeant « artificielles » les justifications fournies par l’administration Trump.

Les enjeux sont immenses : le recensement conditionne l’octroi de 675 milliards de dollars de subventions fédérales et détermine le nombre de sièges alloués à chaque État américain à la Chambre des représentants, en fonction de la population.

Or l’ajout d’une question sur la nationalité, abandonnée il y a plus de soixante ans, pourrait pousser entre 1,6 et 6,5 millions d’immigrés à s’abstenir de participer ou à mentir sur le questionnaire par peur, notamment chez les sans-papiers, d’être repérés, selon les experts du bureau du recensement.

Après avoir renoncé à la question sur la nationalité dans le recensement, M. Trump a annoncé la signature d’un décret imposant de rassembler toutes les informations disponibles dans « les bases de données fédérales » des différents ministères.

« Nous ne reculons pas dans nos efforts », a martelé le président américain. « Il est essentiel d’avoir une image claire du nombre de citoyens et de non-citoyens qui composent notre population », a-t-il ajouté, sans répondre aux questions des journalistes lors de cet événement qu’il avait initialement présenté comme une « conférence de presse ».

Le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer a estimé sur Twitter que la « défaite » du président Trump concernant le recensement représentait « une victoire importante pour la démocratie et la représentation équitable ».

« Chaque personne doit être comptabilisée et personne ne devrait être intimidé par le président et par son comportement capricieux », a poursuivi M. Schumer.

La puissante association de défense des libertés civiles (ACLU) a assuré qu’elle continuerait à surveiller les tentatives de l’administration Trump de compter les immigrés.

« Lorsque les détails du nouveau projet de Trump pour compiler les données de citoyenneté hors du cadre du recensement seront dévoilées – et ses projets d’utilisation de ces données – nous les examinerons de près et nous analyserons leur légalité », a-t-elle tweeté.