(Washington) Donald Trump s’est lancé dans une nouvelle escalade verbale avec le Mexique en menaçant de déployer des «soldats armés» à la frontière sud après un incident avec des militaires mexicains qu’il a accusés d’être complices de trafiquants de drogue.

«Les Soldats du Mexique ont récemment braqué avec leurs armes des Soldats de notre Garde Nationale, vraisemblablement dans une tactique de diversion pour des trafiquants de drogue à la Frontière […] Nous dépêchons immédiatement des SOLDATS ARMÉS à la Frontière», a tweeté M. Trump.

Il a accusé le Mexique de ne «faire pratiquement rien» pour interpeller les migrants clandestins et les renvoyer dans leur pays d’origine, alors que depuis octobre, plusieurs milliers de migrants d’Amérique centrale organisés en caravanes ont traversé le Mexique dans l’espoir d’entrer aux États-Unis.

Quelque 2900 militaires américains d’active sont actuellement déployés le long de la frontière sud, ainsi que 2000 réservistes.  

Parmi eux, «il y a toujours eu des militaires armés chargés de la sécurité des troupes», a indiqué un responsable du Pentagone, sans préciser la proportion de militaires portant une arme au sein de la force américaine, surtout chargée de renforcer la frontière par des rouleaux de barbelés ou des systèmes de surveillance électronique.  

Donald Trump n’a pas précisé à quel événement il faisait référence, mais le Pentagone a confirmé un incident remontant au 13 avril près de Clint, au Texas, lors duquel une demi-douzaine de soldats mexicains ont braqué deux soldats américains qui se trouvaient dans un véhicule banalisé, et désarmé l’un d’entre eux.

«Les militaires mexicains ont cru que les soldats américains se trouvaient au sud de la frontière», mais ces derniers «se trouvaient bien sur le territoire américain», a assuré le département de la Défense.

«Après une brève discussion entre les soldats des deux pays, les militaires mexicains ont quitté la zone», a ajouté le commandement pour l’Amérique du Nord (NORTHCOM), soulignant que ses hommes avaient «suivi tous les protocoles et procédures appropriés».

«Provocation»

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Andres Manuel Lopez Obrador

Le Mexique a confirmé l’incident, expliquant qu’il s’était produit «au sud de la barrière frontalière, en territoire américain, dans une zone où la frontière n’est pas claire».  

«Ce type d’incident est commun, sans conséquence pour les deux gouvernements qui maintiennent une communication constante et fluide», a précisé le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué.

De son côté, le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a tenté de calmer le jeu en assurant que son pays n’avait pas l’intention de «se battre» avec les États-Unis.

«Nous allons analyser cet incident, nous allons prendre en compte ce qu’il signale et nous allons agir en conformité avec la loi dans le cadre de notre souveraineté», a-t-il déclaré au cours de son point de presse quotidien.

«Nous, nous n’allons pas tomber dans une quelconque provocation», a ajouté M. Lopez Obrador. «Nous voulons une relation de respect mutuel (avec les États-Unis) et de coopération pour le développement».

Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale l’un des fers de lance de sa présidence, a par ailleurs évoqué sur Twitter «une très grosse caravane de 20 000 personnes» se déplaçant au Mexique en direction des États-Unis.

«Le Mexique en a réduit la taille, mais elle continue de progresser. Le Mexique doit arrêter ce qu’il en reste ou nous serons contraints de fermer cette portion de la frontière et d’envoyer l’armée. Les coyotes et les cartels ont des armes!», a-t-il mis en garde.

Le président américain a salué dans un autre tweet «le travail formidable» réalisé par la police aux frontières américaine. «Elle a déjà interpellé plus de 418 000 migrants clandestins cette année, beaucoup plus que l’an dernier» à la même époque, s’est-il félicité.