(Washington) Vingt ans après la fusillade à l’école secondaire Columbine, au Colorado, qui a rendu les entraînements contre les intrusions armées aussi routinières que les exercices d’incendie aux États-Unis, de nombreux parents n’ont qu’une confiance tiède en la capacité des écoles à empêcher un homme armé de faire des victimes, selon un nouveau sondage mené par l’Associated Press et le NORC Center for Public Affairs Research.

Et bien que la plupart des Américains considèrent que les écoles sont moins sûres qu’il y a 20 ans, le sondage révèle qu’une majorité d’entre eux estiment que les écoles ne sont pas responsables des fusillades. L’intimidation, la disponibilité des armes à feu, internet et les jeux vidéo sont de plus en plus jugés responsables.

Lee Wisdom, une mère de deux enfants de Downingtown, en Pennsylvanie, pense que les élèves et le personnel ont été formés autant que possible pour se préparer à une attaque, mais elle craint que les écoles soient toujours vulnérables à des facteurs indépendants de leur volonté, comme un parent qui tient la porte ouverte pour un étranger ou un enfant qui glisse l’arme de son père dans son sac à dos.

«En ce qui concerne l’intérieur de l’école, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la sécurité des élèves», a-t-elle déclaré. «C’est l’extérieur de l’école et les gens qui entrent et sortent qui, à mon avis, sont le maillon faible», a ajouté la mère de famille, qui considère la violence à l’école comme un produit des jeux vidéo violents, de la télévision, ainsi que de l’intimidation et de l’isolement facilités par internet.

La moitié des Américains montrent du doigt les élèves victimes d’intimidation pour expliquer les fusillades. Environ le tiers blâment internet, la télévision, la musique et les jeux vidéo.

De manière générale, les écoles elles-mêmes sont moins susceptibles d’être tenues responsables : 59% des participants au sondage ne mettent pas ou mettent peu de blâme sur les écoles pour les fusillades. Si environ quatre répondants sur dix affirment que les écoles ont au moins une part de responsabilité, seuls 9% leur en donnent une grande part.

Se préparer aux menaces

Dans les années qui ont suivi l’assassinat de 12 élèves et d’un enseignant dans une école de Littleton, au Colorado, des écoles ont décidé de se préparer à des menaces auparavant inimaginables.

Enseignants et élèves s’entraînent à fuir et à se cacher lors de scénarios de tir réalistes à l’intérieur de bâtiments scolaires renforcés par des portes verrouillées, des fenêtres à l’épreuve des balles et des caméras de sécurité.

Mais les fusillades se sont multipliées et, un peu plus d’un an après le meurtre de 17 personnes à l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas en Floride, le sondage révèle qu’une large majorité (67%) de parents estiment que les écoles sont devenues moins sûres. Seulement 13% affirment que les écoles sont devenues plus sûres au cours des 20 dernières années. Les autres disent qu’elles sont à peu près les mêmes.

Dans le même ordre d’idées, malgré la planification, les exercices et les dépenses, environ le tiers seulement des parents sont extrêmement ou très convaincus que leurs enfants sont en sécurité à l’école ou que l’école pourrait réagir à un tireur actif. Environ quatre parents sur dix ont une confiance modérée dans la sécurité de leur enfant et la réaction potentielle de l’école, tandis qu’environ deux sur dix ont peu ou pas confiance.

Près de la moitié des Américains mettent fortement en cause la disponibilité des armes à feu pour les fusillades, et une majorité, 67%, souhaitent que les lois sur les armes à feu du pays soient renforcées.

Pour renforcer la sécurité dans les écoles, la majorité des Américains pensent que des exercices, des gardes de sécurité armés, des détecteurs de métaux et des campagnes contre l’intimidation sont efficaces.

Cependant, la génération post-Columbine, pour qui plusieurs de ces mesures sont devenues routinières, est beaucoup moins susceptible que les personnes plus âgées de penser que ces éléments rendent les écoles plus sûres.

«Ce que nous disent les données de l’enquête, c’est que nous devons passer à l’étape suivante de nos efforts en matière de sécurité afin de communiquer de manière ciblée et stratégique le succès de nos efforts en vue de rendre les écoles sûres et sécurisées, des endroits où les élèves peuvent être eux-mêmes et apprendre le mieux possible», a déclaré Bob Farrace, de l’Association nationale des directeurs d’école secondaire.

Le sondage AP-NORC a été réalisé auprès de 1063 adultes du 14 au 18 mars, à l’aide d’un échantillon du panel AmeriSpeak, conçu pour être représentatif de la population américaine. La marge d’erreur est de plus ou moins 4,1 points de pourcentage.