Les démocrates américains ont annoncé lundi qu'ils allaient examiner une loi budgétaire pour tenter de sortir de la paralysie partielle des administrations fédérales, dès qu'il s'empareront du contrôle de la Chambre des représentants, jeudi.

Mais l'avenir de cette loi apparaît plus qu'incertain puisque le texte n'inclut aucun nouveau financement pour le mur que veut construire Donald Trump à la frontière mexicaine, afin d'endiguer l'immigration clandestine.  

Or le président républicain, qui a pouvoir de veto sur les lois du Congrès, a encore répété lundi qu'il voulait un « mur solide », pour lequel il réclame une enveloppe de cinq milliards de dollars.  

Sans cela, il ne signera pas les lois budgétaires qui pourraient mettre fin au « shutdown » partiel qui paralyse 25 % des administrations fédérales depuis le 22 décembre, dont certains ministères cruciaux.

« Non, nous ne céderons pas », martèle Donald Trump dans un entretien qui doit être diffusé dans la soirée sur la chaîne Fox News (3 h GMT mardi), selon des citations publiées par la chaîne.

Les élections parlementaires de novembre ont débouché sur un Congrès divisé : les démocrates ont remporté la Chambre des représentants mais les républicains ont renforcé leur majorité au Sénat. Les nouveaux parlementaires prendront leurs fonctions ce jeudi, à midi.  

A la Chambre, les démocrates comptent donc marquer leur rentrée en s'affichant comme ceux qui veulent débloquer une situation de « shutdown » profondément enkystée.  

Budgets temporaires

Ils prévoient d'examiner, et de voter rapidement après - sûrement dès jeudi - sur les projets de lois de financement annoncées lundi. Il s'agit de budgets temporaires pour rouvrir les administrations, le temps de trouver un accord définitif.   

Pour séparer le débat controversé sur le mur du reste des financements non polémiques, les démocrates proposeront d'un côté de renouveler jusqu'au 30 septembre les budgets des administrations qui ne font pas débat et de l'autre, de prolonger seulement jusqu'au 8 février le financement du ministère de la Sécurité intérieure, en charge des frontières.  

Ce délai « donnerait le temps au président Trump de parvenir à un accord avec le Congrès » sur le mur, ont expliqué les démocrates lundi.  

Des textes comparables avaient été adoptés par le Sénat, contrôlé par les républicains, fin décembre, avant que M. Trump ne retire brusquement son soutien. Ils n'étaient jamais parvenus à la Chambre.

« Ce serait le summum de l'irresponsabilité et du cynisme politique pour les sénateurs républicains de désormais rejeter les mêmes textes qu'ils avaient soutenus », lorsque le nouveau Sénat sera appelé à voter, après probable adoption à la Chambre, soulignent les chefs démocrates dans un communiqué.

Avant la rentrée parlementaire de jeudi, les sénateurs et élus sortants de l'ancien Congrès sont attendus une dernière fois au Capitole mercredi.  

Les sénateurs ont alors prévu d'examiner, à partir de 16 h (21 h GMT), un projet de loi adopté fin décembre à la Chambre par la majorité républicaine et qui prévoit bien une enveloppe de cinq milliards de dollars pour le mur à la frontière.  

Mais ce texte n'a aucune chance de passer au Sénat, où toute loi budgétaire a besoin de 60 voix et les républicains ne comptent que 51 sièges.  

Echaudé par les retournements de Donald Trump, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a annoncé qu'il attendrait désormais d'être certain qu'un texte puisse passer les deux chambres puis être promulgué par Donald Trump avant de le soumettre au vote.  

Une perspective qui apparaît encore très lointaine.