Près de la moitié des Américains ont un membre de leur famille proche qui a passé au moins une nuit en prison, selon une étude rendue publique jeudi, qui illustre à nouveau le caractère massif des incarcérations aux États-Unis.

Cette enquête intervient alors que le président, Donald Trump, a apporté son soutien à un projet de loi bipartisan visant à réformer les peines planchers imposées dans des affaires de stupéfiants, qui devrait permettre de réduire la population carcérale.

Environ 45 % des adultes interrogés par des chercheurs de l'Université Cornell ont déclaré qu'un parent, conjoint, enfant ou frère, ou une soeur avait été incarcéré au moins une fois dans leur vie, ne serait-ce que pour une nuit.

Plus lourd en conséquence : 22,8 % des sondés ont vu ce proche passer plus d'un mois en prison, 13,9 % plus d'un an, et 3 % plus de 10 ans, selon cette étude financée par l'organisation FWD.us, fondée par le PDG de Facebook, Mark Zuckerberg, pour promouvoir des réformes dans les domaines de l'immigration et du droit pénal.

Rappelant que l'incarcération d'un proche représente une lourde charge financière et psychologique, les auteurs de cette enquête espèrent qu'elle serve de « piqûre de rappel sur le travail nécessaire pour soulager les maux causés par ces incarcérations de masse ».

Cet été, ils ont interrogé 4041 adultes, représentatifs de la population américaine. En extrapolant leurs réponses, ils estiment que 6,5 millions d'adultes américains (1 sur 38) ont actuellement un proche en prison.

Ils confirment que les Noirs sont plus concernés que les Blancs (63 % ont vu un proche passer au moins une nuit en détention, en comparaison à 42 % pour les Blancs), les pauvres que les riches, et les habitants du sud et de l'ouest plus que ceux du nord-est du pays.

L'adoption de lois particulièrement répressives depuis 1980 a fait exploser la population carcérale aux États-Unis, qui est aujourd'hui quatre fois plus importante qu'il y a 40 ans avec un million et demi de détenus dans les prisons fédérales et d'État.

Avec 710 détenus pour 100 000 habitants, les États-Unis gardent derrière les barreaux beaucoup plus d'hommes et de femmes que les autres démocraties occidentales : 147 au Royaume-Uni, 118 au Canada, 108 en Belgique, et 98 en France).

Depuis quelques années, des mesures sont prises pour tenter d'inverser la tendance. Le projet de loi endossé à la mi-novembre par Donald Trump a été porté par des sénateurs républicains et démocrates. Il vise notamment à supprimer les peines automatiques de 25 ans de prison en cas de troisième condamnation pour une affaire de drogues, même mineure.

Certains conservateurs partisans d'une ligne dure en matière pénale freinent toutefois son adoption.