Un juge fédéral a ordonné l'abandon de la plupart des poursuites contre une urgentiste de Détroit inculpée en 2017 pour avoir excisé plusieurs fillettes, estimant anticonstitutionnelle la loi fédérale qui interdit l'excision.

Le juge du Michigan Bernard Friedman a rejeté mardi six des huit chefs d'accusation retenus contre l'urgentiste, Jumana Nagarwala, accusée d'avoir mutilé neuf fillettes de 2005 à 2017 : ils reposaient sur le fait qu'elle aurait violé une loi fédérale interdisant les mutilations génitales féminines.

Le Congrès a «outrepassé» ses pouvoirs en adoptant cette loi en 1996, a estimé le juge dans une décision de 27 pages.

«Aussi louable que soit l'interdiction de certains types d'abus contre les filles», les mutilations génitales féminines relèvent de «la criminalité locale» et doivent à ce titre être «régulées par les États américains et non par le Congrès», a-t-il expliqué.

Mme Nagarwala reste néanmoins poursuivie pour avoir participé à une conspiration à «un voyage destiné à un comportement sexuel illégal», cinq des fillettes ayant été amenées depuis les États voisins de l'Illinois et du Minnesota par leurs parents, et d'obstruction.  

L'urgentiste avait été, en avril 2017, le premier médecin inculpé pour avoir violé cette loi fédérale.  

L'État du Michigan n'avait alors pas de législation forte interdisant les mutilations génitales féminines, mais depuis juillet 2017, elles sont punissables d'une peine allant jusqu'à 15 ans de prison.

À ce jour, 27 des 50 États américains ont une législation contre les mutilations génitales féminines, selon l'association Equality Now qui milite contre ces mutilations.

Les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) estimaient en 2012 que plus de 500 000 femmes et filles vivant aux États-Unis soit avaient été victimes de telles mutilations, soit risquaient d'être mutilées dans ce pays.

La plupart d'entre elles sont nées aux États-Unis et beaucoup n'ont aucune origine africaine, où cette pratique est répandue, avait souligné l'association Equality Now lors de l'arrestation de Mme Nagarwala.