Un juge a exhorté lundi les parties impliquées dans le second dépouillement en Floride à baisser le ton, affirmant que cela érodait la confiance du public envers l'élection du Sénat et du gouverneur.

Le juge de circuit du comté de Broward, Jack Tuter, a fait cette mise en garde après que les républicains, dont le président Donald Trump, eurent vivement critiqué le processus.

Les autorités de la Floride et les observateurs électoraux n'ont trouvé aucune preuve de méfait, mais les avocats du Parti républicain et les candidats ont repris les allégations du président, selon lesquelles il y aurait eu des irrégularités, un manque d'éthique et de la fraude depuis que les bureaux de scrutin ont fermé la semaine dernière.

Le président Trump a déclaré sur Twitter, lundi, qu'un «décompte honnête des votes n'était plus possible» en Floride, sans donner plus de détails. Il a réclamé que les résultats du soir de l'élection de mardi dernier - qui étaient incomplets - soient utilisés pour déterminer le gagnant.

M. Trump a poursuivi en affirmant que «de nouveaux bulletins de vote étaient arrivés de nulle part et que de nombreux bulletins de vote manquaient ou étaient contrefaits». Difficile de savoir à quoi il faisait référence.

Le second dépouillement qui est en cours est effectué en vertu de la loi sur les élections de l'État.

Une responsable démocrate en cause

Les républicains s'en prenaient surtout à la responsable des élections du comté de Broward, Brenda Snipes, une démocrate qui avait été nommée en 2003 par le gouverneur républicain de l'époque, Jeb Bush. Elle a été réélue quatre fois.

Ses détracteurs ont suggéré que le rythme lent du dépouillement dans ce secteur était suspect.

Les représentants du comté ont affirmé que le dénombrement avait été affecté par le taux de participation anormalement haut pour des élections de mi-mandat et la longueur des bulletins de vote de cette année, qui contenaient entre autres 12 propositions d'amendements constitutionnels.

Jeb Bush a écrit sur Twitter, lundi, que Mme Snipes devrait être remplacée, étant donné selon lui qu'elle a «sans contredit manqué à respecter la loi de la Floride».

Mme Snipes a reconnu lundi que le processus ne s'était pas déroulé comme elle l'aurait voulu.

«Vous pouvez appeler ça une erreur, vous pouvez appeler ça comme vous voulez», a-t-elle soutenu.

«Baissez le ton»

Les allégations du président Trump ont fait surface quelques heures après que le juge Jack Tuter eut tenu une audience d'urgence pour entendre une requête des avocats du gouverneur républicain sortant, Rick Scott, dont l'avance dans la course sénatoriale contre le démocrate sortant Bill Nelson, a fondu vers la fin du décompte. Les avocats ont demandé d'envoyer plus de shérifs au bureau de Mme Snipes pour surveiller le dépouillement.

La loi exige qu'une machine effectue un second dépouillement lorsque la marge est de moins de 0,5 point de pourcentage entre deux candidats. Dans la course au Sénat, Rick Scott menait le démocrate par 0,14 point de pourcentage. Pour la course du gouverneur, des résultats préliminaires indiquaient que l'ancien représentant républicain Ron DeSantis était en avance de 0,41 point de pourcentage contre le démocrate Andrew Gillum.

Une fois que le second dépouillement sera complété, si la différence entre les deux est de 0,25 point de pourcentage ou moins, un dénombrement à la main sera ordonné. Les 67 comtés ont jusqu'à jeudi pour terminer leurs dépouillements.

«En raison de la nature hautement publique de cette affaire, je vous presse de baisser le ton», a déclaré le juge Tuter.

«Si quelqu'un dans cette poursuite ou quelqu'un dans ce comté a une preuve de fraude électorale, d'irrégularités, ils devraient le dire aux policiers locaux», a-t-il ajouté.

«Si les avocats sont au courant, ils devraient faire une déclaration sous serment, mais tout ce que les avocats disent ici, devant le bureau des élections, est diffusé partout au pays. Nous devons faire attention à ce que nous disons. Les mots sont importants de nos jours.»

Les deux parties se sont finalement entendues pour ajouter trois shérifs dans les bureaux électoraux du comté de Broward.

Des experts de toutes les allégeances politiques sont d'accord pour dire que la fraude électorale est très rare au pays.

Cela n'a pas empêché des gens de manifester à l'extérieur du bureau de Mme Snipes. Les manifestants républicains scandaient : «Enfermez-la !» - un slogan dirigé contre la responsable, qui était auparavant utilisé contre la candidate démocrate Hillary Clinton.