Un tireur a semé la terreur dans une synagogue de Pittsburgh en Pennsylvanie vers 9 h 30 ce matin. La fusillade a fait 11 morts et 6 blessés, dont 4 policiers, selon le bilan officiel.

Le suspect, Robert Bowers, a été appréhendé par les autorités peu après la tuerie. L'homme de 46 ans est un résident de Pittsburgh.

Lors de l'attaque, il était muni de trois pistolets et d'un fusil d'assaut, a indiqué l'agent spécial Bob Jones du FBI, lors d'un point de presse tenue samedi après-midi. On ne sait pas s'il a utilisé toutes ces armes durant le massacre, mais les autorités précisent qu'il aurait agi seul.

Ce matin, Bowers a pénétré dans la synagogue Tree of life et a tué onze civils en l'espace d'environ 20 minutes. La scène s'est déroulée dans le quartier Squirrel Hill de Pittsburgh.

Il a également blessé deux autres civils: une  femme de 61 ans et un homme de 70 ans. Les deux individus se trouvaient dans un état critique au moment de la conférence de presse, d'après Don Yealy, médecin au University of Pittsburgh Medical Center.

Au moment de s'enfuir de la scène de crime, le tireur a été interpellé par les premiers répondants sur les lieux, deux officiers de la police de Pittsburgh. L'un deux a été touché par balle.

Robert Bowers est alors retourné à l'intérieur du lieu de culte. Les officiers de police, dont des agents du SWAT (Special Weapons and Tactics), l'ont traqué. Trois autres membres des autorités ont été atteints par balle durant l'intervention. Le tireur a finalement été intercepté.

«Il s'agit de la scène de crime la plus horrible que j'ai vue en 22 ans», a déclaré l'agent Jones, du FBI, devant les médias.

Parmi les quatre agents touchés au total, un est âgé de 27 ans et un autre de 55 ans. «Les patients ont été transportés dans trois établissements de la ville», a indiqué le Dr Yealy.

Le suspect a lui aussi été touché par plusieurs projectiles. Il se trouve en condition stable, a précisé Wendell Hissrich, directeur du département de sécurité publique de Pittsburgh.

PHOTO Gene J. Puskar, AP

De nombreux premiers répondants sont sur place pour venir en aide aux blessés.

Scène «horrible à voir»

Bien que les motivations de l'assaillant ne soient pas officiellement déterminées, M. Jones a défini la fusillade comme un «acte haineux». Tout laisse à croire que le tueur a perpétré une attaque aux motifs antisémites.

Robert Bowers n'était pas connu des autorités, avance le FBI, qui a affirmé que tout danger est maintenant éliminé. Une fouille de «toute sa vie», soit son domicile, sa voiture, ses médias sociaux notamment, sera vite entreprise, a indiqué Bob Jones.

On ne connaît aucun détail concernant les personnes tuées. M. Hissrich a toutefois confirmé qu'il n'y avait aucun enfant parmi les morts et les blessés. 

Le procureur du district ouest de Pennsylvanie, Scott Brady, a qualifié la scène d'«horrible à voir», durant le point de presse. Il a indiqué que des charges criminelles seront déposées contre le suspect, «peut-être aussi tôt qu'aujourd'hui», assurant que les charges seront «sévères».

«Les autorités locales et fédérales travaillent en concert» pour gérer la situation, a quant à lui soutenu Tom Wolfe, gouverneur de la Pennsylvanie. 

Des vigiles et des services religieux s'organisent en réponse à la tragédie qui a frappé ce matin. Les autorités assureront la protection des citoyens pendant ces rassemblements, a certifié Wendall Hissrich, du département de la sécurité publique.

Le secteur de Squirrel Hill est réputé pour accueillir une large communauté juive. Le samedi est un jour occupé alors que le Chabbat est célébré.

Le président de la Fédération juive de Pittsburgh, Jeff Finkerlstein, estime que lors « d'un samedi habituel » la synagogue The Tree of Life peut accueillir entre 50 et 60 membres de la communauté.Le vice-président Mike Pence a qualifié la fusillade d'« une attaque » contre la liberté de religion.

Photo Andrew Stein AP/Pittsburgh Post-Gazette

Des proches de victimes se réconfortent mutuellement après la fusillade.

Consternation 

Dans le quartier de Squirrel Hill, plusieurs résidents s'approchent des barrières de police qui bloquent l'accès au tronçon de rue où la synagogue est située. Une rue tranquille, une rue de maisons cossues couvertes par les branches de grands arbres, comme partout dans le voisinage.

Jan Lott et Jill Balmuth se rendent à une vigile annoncée à proximité. 

«C'est là que mon petit-fils a eu sa bar-mitzvah il y a cinq ans», confie la seconde, cachée sous son parapluie. «J'ai vécu ici, je suis juive et je n'aurais pas jamais cru qu'une telle chose aurait pu se produire.»

«Nous cherchons désespérément à savoir quels amis nous avons perdus», ajoute Mme Lott. «Ils ne diffusent aucun nom jusqu'à maintenant, mais je suis sûre que nous connaissons des gens.»

Gyrophares allumés, les véhicules d'experts en scène de crime se relaient sur les lieux du drame. Plusieurs remorqueuses ont aussi été appelées afin de libérer le stationnement. 

David Zorub, un médecin qui habite aussi le quartier, a reçu une alerte juste après l'attaque afin qu'il demeure prêt à rentrer au travail en cas de besoin. Il n'a finalement pas été appelé.

«Bien sûr que je connais des gens de cette congrégation. Ils vivaient dans le voisinage. Mon voisin fréquente cette synagogue», explique-t-il.

Aucune tolérance pour l'antisémitisme

Le président Donald Trump a dénoncé la fusillade meurtrière, estimant qu'il ne devait y avoir « aucune tolérance » pour l'antisémitisme. Il a également affirmé qu'il allait se rendre à Pittsburgh. 

« L'antisémitisme et la persécution des juifs représentent l'un des traits les plus sombres et les plus ignobles de l'histoire humaine », a déclaré M. Trump depuis Indianapolis. « Il ne doit y avoir aucune tolérance pour l'antisémitisme ou pour n'importe quelle forme de haine religieuse », a-t-il ajouté.

Il a également souhaité renforcer la législation sur la peine de mort. « Quand des gens font ce genre de chose, ils devraient se voir infliger la peine capitale », a-t-il dit.

Le vice-président Mike Pence a qualifié la fusillade d'« une attaque » contre la liberté de religion. 

L'ex-président de la congrégation, Michael Eisenberg, a pour sa part confié sur les ondes de CNN que la communauté juive de l'endroit « était bien entraînée » à réagir en cas de fusillade. Plusieurs mesures avaient par ailleurs été récemment mises en place pour améliorer notamment l'usage des sorties de secours.

Toujours selon M. Eisenberg, la congrégation n'avait pas été la cible de menaces récentes.

Cette fusillade est « probablement » la pire attaque antisémite jamais commise aux États-Unis, estime pour sa part la principale association de lutte contre l'antisémitisme dans le pays, l'Anti-defamation League.

« C'est probablement l'attaque la plus meurtrière contre la communauté juive de l'Histoire des États-Unis » et dans tous les cas depuis 2014, quand un tireur avait tué trois personnes dans une maison de retraite et un centre communautaire juifs du Kansas, a estimé dans un communiqué son directeur, Jonathan A. Greenblatt.

Trudeau, Legault et Nétanyahou réagissent

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a qualifié d'« attaque antisémite horrible » la fusillade.

« Aujourd'hui les Canadiens sont de tout coeur avec la communauté juive de Pittsburgh, qui a subi une attaque antisémite horrible alors qu'elle priait », a déclaré M. Trudeau sur son compte Twitter. « Puissent les familles des personnes tuées trouver du réconfort et puissent les blessés se rétablir rapidement », a-t-il ajouté.

« Nous devons faire front commun contre toute cette haine, cette intolérance, cet antisémitisme et cette violence », a souligné de son côté la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, se disant « horrifiée » par la fusillade.

Le premier ministre du Québec, François Legault, a de son côté parlé d'une « scène d'horreur » et a offert ses condoléances au nom de tous les Québécois. « Soyons unis contre la haine et le racisme », a-t-il ajouté.

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré qu'il faut collaborer « pour défaire l'antisémitisme et l'intolérance de toutes sortes. »

Le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer, et celui du NPD, Jagmeet Singh, ont eux aussi condamné l'attaque. « Dévasté d'apprendre la fusillade à la synagogue Tree of Life à Pittsburgh, où les gens étaient réunis pour le service ce matin. Mes prières accompagnent les personnes touchées par cette tragédie. Nous devons nous unir contre l'antisémitisme », a lancé M. Scheer sur son compte Twitter.

« J'ai le coeur brisé pour la communauté juive de Pittsburgh, après l'horrible attaque antisémite à la synagogue durant la prière. Nos pensées accompagnent les familles des personnes tuées ou blessées. Nous nous tenons debout et unis face à la haine et contre ceux qui l'alimentent », a dit M. Singh sur son compte Twitter.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a aussi exprimé sa solidarité avec les États-Unis et les victimes d'une attaque « antisémite horrible ».

« Nous sommes solidaires avec la communauté juive de Pittsburgh. Nous sommes solidaires avec le peuple américain face à cette violence antisémite horrible », a déclaré M. Nétanyahou dans une vidéo publiée sur son compte Twitter.

- Avec l'Agence France-Presse et La Presse canadienne