La Maison-Blanche a qualifié mardi de «troublantes» les accusations croissantes contre le secrétaire américain de l'Environnement, qui serait visé par une dizaine d'enquêtes fédérales distinctes.

La liste des faits reprochés à Scott Pruitt, 50 ans, est trop longue pour tenir dans cet article. De multiples enquêtes ont été officiellement lancées depuis des mois par l'inspecteur général de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), par deux offices fédéraux indépendants, ainsi que par la Chambre des représentants.

Toutes ces investigations ont un fil commun: depuis sa prise de fonctions en février 2017, Scott Pruitt, ancien procureur général de l'Oklahoma et ami assumé de l'industrie pétrolière, semble avoir profité de sa fonction pour améliorer son train de vie et celle de sa famille, violant plusieurs lois fédérales et punissant les subordonnés qui soulèveraient des objections ou ne lui montreraient pas la loyauté qu'il attendait d'eux.

Tout a commencé par des dépenses de voyage excessives, en première classe ou dans des avions affrétés aux frais du contribuable, contrairement aux règles gouvernementales. Puis on a découvert le nombre pléthorique de gardes du corps accompagnant l'administrateur, 24 heures sur 24, même à l'étranger, pour un coût presque doublé par rapport à ses prédécesseurs.

M. Pruitt a aussi fait installer une cabine téléphonique sécurisée dans ses bureaux de Washington, pour 43 000 dollars - une somme jugée excessive.

Pour ses dépenses personnelles, l'homme était plus regardant. Il a ainsi obtenu, par des amis lobbyistes, de pouvoir louer un grand appartement à Washington 50 dollars la nuit, seulement quand il dormait dans la capitale - un prix défiant toute concurrence, et soulevant des soupçons de favoritisme.

Ce faisant, il utilisait certains membres de son cabinet pour des tâches personnelles, comme de véritables assistants personnels, chargés de lui trouver un autre appartement à louer, de lui dénicher des billets pour un match, ou d'aider sa femme à trouver un emploi.

Cette semaine, l'ancien directeur adjoint de cabinet du ministre, Kevin Chmielewski, révoqué en février, a raconté sur MSNBC qu'il avait vu le directeur de cabinet rembourser lui-même 600 dollars à une jeune collaboratrice qui avait dû payer avec sa carte de crédit personnelle des chambres d'hôtel pour la famille de Scott Pruitt durant les festivités d'investiture de Donald Trump.

M. Chmielewski, un loyal Trumpiste, est l'un des nombreux lanceurs d'alertes qui s'épanchent sur les pratiques de Scott Pruitt auprès du Congrès, où de nombreux parlementaires républicains semblent avoir perdu patience.

«Troublant»

Jusqu'à présent, Donald Trump soutenait son zélé lieutenant, qui a entrepris d'abolir autant de réglementations environnementales qu'il le peut, et était l'un des partisans les plus farouches du retrait des États-Unis de l'accord de Paris sur le climat.

Mais le vent tourne. Le 15 juin, le dirigeant avait répété que Scott Pruitt faisait «du travail fantastique», mais... «je vais être honnête, je ne suis pas content de certaines choses».

Et mardi, un porte-parole de la Maison-Blanche a dit aux journalistes: «Nous sommes au courant des nombreuses informations de presse et le président les regarde». «Les informations sont troublantes», a ajouté Hogan Gidley.

Ce changement de vocabulaire et le nouveau ton glacial rappellent les préludes aux évictions d'autres ministres par Donald Trump.

En septembre dernier, le président avait lâché qu'il n'était «pas content» de son ministre de la Santé, Tom Price, après de multiples révélations sur ses dépenses aériennes; il avait démissionné quelques minutes après.

En mars, le porte-parole Hogan Gidley avait dit, à propos du secrétaire aux Anciens combattants David Shulkin: «À ce jour, il conserve sa confiance en M. Shulkin». Deux jours après, il était révoqué.

Et l'éviction du chef de la diplomatie Rex Tillerson, en janvier, avait été précédée par de nombreuses piques et humiliations publiques de la part du chef de l'exécutif.

Mercredi est un jour férié aux États-Unis, pour la fête de l'indépendance. Le président des États-Unis n'avait pas de prise de parole prévue, seul un pique-nique dans les jardins de la Maison-Blanche étant prévu à son agenda