Poussés par une révolte interne, les républicains de la chambre basse du Congrès américain se sont réunis jeudi pour tenter de trouver un compromis sur l'immigration qui satisferait durs et modérés ainsi que la Maison-Blanche, un grand écart périlleux en pleine année électorale.

«Nous allons travailler à une solution», a affirmé le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, Paul Ryan, après avoir convoqué ses plus de 230 élus. «La prochaine étape est de rassembler tout ça par écrit pour pouvoir présenter une loi», a-t-il ajouté.

Derrière cet optimisme affiché demeure pourtant l'avenir plus qu'incertain d'une réforme sur l'immigration, qui divise depuis des années démocrates et républicains. Cet épineux sujet avait ainsi provoqué la paralysie du gouvernement fédéral en début d'année, sans pour autant déboucher sur une solution.

L'avenir des «Rêveurs» («Dreamers»), ces centaines de milliers de jeunes arrivés sans papiers aux États-Unis quand ils étaient mineurs, reste l'une des principales pierres d'achoppement: alors que certains proposent de les régulariser, d'autres s'opposent à toute «amnistie».

Après plusieurs mois en sourdine, le débat a ressurgi à la faveur d'une double fronde parmi les 235 républicains de la Chambre, avec à l'horizon les élections de novembre où tous les sièges de la Chambre sont en jeu ainsi qu'un tiers du Sénat. L'occasion pour les électeurs de demander des comptes à leurs élus.

D'un côté, les républicains modérés ont fait le coup de force en s'alliant avec des démocrates pour lancer, début mai, une pétition qui pourrait forcer un vote sur l'immigration à la Chambre. Il ne leur manque plus que trois signatures pour passer la barre fatidique des 218 voix. Face à cette initiative, l'aile conservatrice a refusé de voter pour un texte important sur l'agriculture. Sous la pression, Paul Ryan a finalement dû remettre le sujet la table.

Les deux bords ont affiché un front conciliant jeudi, tout en affirmant qu'aucun consensus n'avait encore été trouvé.

«Cette conversation va continuer et nous espérons trouver une voie en cohérence avec les quatre piliers présentés» par Donald Trump en janvier, a expliqué Paul Ryan, en référence aux points que le président américain exige pour approuver une loi qui sortirait du Congrès: trouver une solution sur le statut des «Dreamers», renforcer la sécurité aux frontières, mettre un terme au système d'attribution par loterie du statut de résident permanent (carte verte) et limiter le regroupement familial.