À peine entré en fonction, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, nouvel homme fort de Washington ostensiblement soutenu par Donald Trump, semble remettre le département d'État au coeur de la politique américaine après la gestion controversée de Rex Tillerson.

«Je dois dire qu'il y a plus d'énergie qui se dégage du département d'État qu'il n'y en a eu depuis très longtemps», a lancé mercredi sur place le président américain lors d'une cérémonie d'investiture en grande pompe du nouveau secrétaire d'État.

«Je veux que le département d'État retrouve de sa superbe», a renchéri Mike Pompeo.

Son prédécesseur, dont le nom n'a même pas été cité mercredi, appréciera, lui qui n'a jamais eu droit à tant d'honneurs jusqu'à son limogeage brutal, mi-mars, par un tweet présidentiel.

Quinze mois après son arrivée à la Maison-Blanche, c'est la première fois que Donald Trump se rend à «Foggy Bottom», moteur de la diplomatie des États-Unis - Barack Obama était venu trois jours après son investiture, en 2009. Fasciné par les militaires, le milliardaire républicain n'a jamais caché son peu d'admiration pour les diplomates, tardant à pourvoir des postes-clés, toujours vacants, et réclamant des coupes sans précédent dans le budget et les effectifs du «State».

«Nous n'avons pas besoin de tous ces gens, vous savez, cela s'appelle faire des économies», avait-il ironisé en novembre sur la chaîne Fox News. «Le seul qui compte, c'est moi.»

Résultat, de l'aveu même de ses dirigeants, le département d'État traversait comme une période de dépression. Encore aggravée par la personnalité distante et effacée de Rex Tillerson, ex-patron du géant pétrolier ExxonMobil.

«Le département d'État ne fonctionne pas du tout, on n'a plus d'interlocuteur», se plaignait alors un diplomate étranger à Washington.

«Respect», «admiration», «confiance» 

L'ex-secrétaire d'État avait aussi pâti de ses désaccords notoires avec Donald Trump, qui l'avait plusieurs fois contredit voire rabroué en public.

La page est tournée. Et la cérémonie de mercredi sous les ors de la salle de réception du département d'État était là pour le souligner.

Donald Trump, qui avait déjà réservé son tout premier déplacement de président en janvier 2017 à la CIA et à son directeur de l'époque, un certain Mike Pompeo, a salué «un vrai patriote américain» qui a gagné son «plus profond respect», son «admiration» et sa «confiance».

L'intéressé, après un parcours de confirmation parlementaire chaotique qui a failli dérailler, l'opposition démocrate lui reprochant son côté «faucon» voire «belliqueux», a lui multiplié les gestes forts depuis son entrée en fonction il y a une semaine.

Tout d'abord en s'envolant directement pour une réunion de l'OTAN à Bruxelles puis au Moyen-Orient. «Je crois détenir le record du plus long voyage au premier jour de travail», a-t-il plaisanté mardi, à son arrivée officielle au «State».

Puis en insistant sur son «humilité» face au «corps diplomatique le plus important du monde».

Enfin en énumérant mercredi, sous les applaudissements de nombreux autres responsables venus saluer leur nouveau collègue, des priorités qui collent à l'agenda présidentiel, à savoir décider du sort du «mauvais» accord sur le nucléaire iranien, déménager l'ambassade des États-Unis en Israël à Jérusalem, insuffler «de la réciprocité» dans la relation économique avec la Chine, et, surtout, obtenir «sans délai» le «démantèlement» du programme nucléaire nord-coréen.

«Nous avons une opportunité sans précédent de changer le cours de l'Histoire dans la péninsule coréenne», a prévenu celui qui, en tant que directeur de la CIA, s'est rendu secrètement à Pyongyang il y a un mois pour préparer, avec le dirigeant Kim Jong-un, son futur sommet historique avec Donald Trump, prévu d'ici début juin.

«Trump aimerait toujours fermer la boutique Foggy Bottom», mais sa venue sur place «conforte le rang de Pompeo en haut de l'ordre hiérarchique», a résumé sur Twitter l'ex-diplomate Aaron David Miller. Si le nouveau chef de la diplomatie confirme ses premiers pas, «il devrait pouvoir retirer du département d'État l'affiche «fermé pour travaux»».