Le président américain Donald Trump n'a pas hésité jeudi à mettre sur la sellette Porto Rico, qui a du mal à se relever des destructions provoquées par l'ouragan Maria, en affirmant que l'aide fédérale ne sera pas «éternelle».

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«Nous ne pouvons pas garder la FEMA (l'agence de gestion des situations d'urgence, NDLR), l'armée et les secours, qui ont été incroyables (dans des circonstances des plus difficiles) à P.R. (Porto Rico, NDLR) éternellement!» a tweeté Donald Trump.

«L'électricité et toutes les infrastructures étaient désastreuses avant les ouragans. Le Congrès va décider», a conclu le président américain.

«Les reconstructions efficaces ne durent pas éternellement», a renchéri la porte-parole de la Maison-Blanche Sarah Sanders, dans un communiqué.

«Elles devraient être aussi rapides que possibles pour aider les gens à reprendre une vie normale», a-t-elle poursuivi, faisant part cependant de l'engagement de l'administration envers l'île. «Nous sommes engagés à aider Porto Rico», territoire américain, a-t-elle indiqué.

L'armée a assuré n'avoir reçu aucune instruction pour le moment pour retirer l'aide au territoire. «Nous n'avons certainement pas changé notre position», a déclaré un porte-parole du commandement militaire en charge de l'aide à Porto Rico, le capitaine Scott Miller.

«Nous continuons de soutenir la FEMA», a souligné le porte-parole, énumérant l'acheminement sur place de forces de soutien logistique, de produits de première nécessité et de médicaments. «Nous avons toujours des missions aériennes qui acheminent de la nourriture, de l'eau et d'autres produits à Porto Rico», a-t-il ajouté.

Les autorités de Porto Rico ont cependant immédiatement réagi aux tweets du président américain.

Le gouverneur Ricardo Rossello a notamment rappelé sur Twitter que les Porto-Ricains étaient des citoyens américains. «Les citoyens américains de Porto Rico demandent l'aide que n'importe lequel de nos concitoyens recevrait à travers notre nation», a-t-il estimé.

La maire de la capitale San Juan, Carmen Yulin Cruz, s'est montrée plus virulente dans ses propos, prenant directement à partie le président américain: «Ce n'est pas que vous ne comprenez pas; vous êtes incapable de remplir l'obligation morale d'aider le peuple de PR. Honte à vous!» a-t-elle tweeté.

«Vos commentaires à propos de Porto Rico sont indignes d'un commandant en chef, ils semblent provenir davantage d'un chef haineux», a-t-elle poursuivi.

Porto Rico, frappé par l'ouragan Maria le 20 septembre qui a fait au moins 44 morts, panse toujours ses plaies. Quelque 5700 personnes vivent encore dans des refuges et la majeure partie de l'île ne dispose toujours pas d'électricité ni d'eau courante.

Le gouverneur de l'île de 3,5 millions d'habitants a demandé mercredi au Congrès une aide supplémentaire de 4,9 milliards de dollars.

Cette demande intervient une semaine après que le président américain ait demandé au Congrès le déblocage de quelque 29 milliards de dollars dont 12,77 milliards au titre de l'aide d'urgence et 16 milliards pour effacer une partie de la dette colossale de l'île estimée à 73 milliards de dollars.

«Nous n'abandonnons pas les Américains au moment où ils en ont besoin», a réagi jeudi la chef des démocrates de la Chambre des représentants Nancy Pelosi.

Ancienne colonie espagnole, Porto Rico est devenu territoire américain à la fin du 19e siècle avant d'acquérir un statut spécial d'«État libre associé» dans les années 1950.

Le sud-est des États-Unis a lui aussi été durement frappé en août et septembre par deux ouragans: Harvey au Texas et en Louisiane et Irma en Floride.