Les habitants de Porto Rico réagissaient samedi avec stupeur aux propos de Donald Trump fustigeant les autorités de l'île qui «veulent que l'on fasse tout pour eux» et qui mettent en cause sa gestion de l'aide après l'ouragan Maria.

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Dans une série de tweets, le président américain s'en est pris samedi aux responsables de Porto Rico «incapables» selon lui «de mettre leurs employés au travail pour aider» à organiser l'aide sur ce territoire américain.

«Ils veulent que l'on fasse tout pour eux, alors que ce devrait être un effort de toute la communauté. 10 000 employés fédéraux en ce moment sur l'île font un travail fantastique», s'est-il exclamé sur Twitter, depuis son club de golf de Bedminster dans le New Jersey, où il passe le week-end.

Le président américain a nommément cité la maire de la capitale de Porto Rico, San Juan, à laquelle il reproche de faire preuve d'un «leadership médiocre».

Carmen Yulin Cruz, a été particulièrement virulente dans ses critiques de la réponse mise en oeuvre par l'État fédéral. Elle arborait vendredi sur les chaînes de télévision américaines un T-shirt noir avec l'inscription «Aidez-nous. Nous sommes en train de mourir».

«Je ne peux pas comprendre que la plus grande nation du monde ne puisse pas organiser la logistique pour une petite île», avait-elle lancé lors d'une conférence de presse.

«J'en ai assez d'être polie. J'en ai assez d'être politiquement correcte. Je suis folle de rage», avait-elle ajouté.

L'édile a également partagé sur son compte Twitter un article du Washington Post sur «le week-end perdu» de Donald Trump et de la Maison-Blanche pendant plusieurs jours la semaine dernière, au plus fort de la crise, alors que le président résidait dans son club de golf de Bedminster.

«Dernière roue du carrosse» 

À Porto Rico, ces commentaires ne font que renforcer l'idée selon laquelle le président américain néglige ce territoire administré par les États-Unis et dont les habitants sont des citoyens américains.

«Nous sommes Américains et nous ne sommes pas traités comme des Américains (...) Nous payons des impôts, mais nous sommes la dernière roue du carrosse pour eux», s'indigne Miriam Cintron, 52 ans.

Sur toute l'île, des habitants désespérés et dépassés par l'ampleur considérables des dégâts causés par Maria se languissent d'une aide qu'ils disent ne pas voir arriver.

«Il n'y a que du blabla. Ils ne font rien. Rien! Il n'y a aucune aide ni de la FEMA (l'agence fédérale de secours), ni du gouvernement fédéral, ni de qui que ce soit», tempête Elisa Gonzalez, à Aibonito, dans le sud de Porto Rico.

Cette femme au foyer de 49 ans vit dans sa voiture depuis que sa maison a été détruite par l'ouragan. Les centres d'hébergement sont pleins et ne prennent plus de sinistrés, déplore-t-elle.

À San Juan, la capitale, dans le nord de l'île, de longues files d'automobilistes se sont formées devant les stations-service. Il faut parfois attendre six ou huit heures pour faire le plein, sous la surveillance de gardes de sécurité armés.

L'acheminement de l'aide et les opérations de déblaiement pourraient se trouver compliquées par «des pluies torrentielles» et des vents de plus de 65 km/h attendus dans la journée dans l'est de Porto Rico, selon le service météorologique de San Juan.

L'ouragan Maria a causé des dégâts immenses sur les infrastructures, avec notamment des coupures de routes, d'eau, d'électricité et des télécommunications pendant plusieurs jours.

Les premières cargaisons d'aide - vivres, eau, carburant, générateurs - ne sont pas parvenues aussi vite que pour le Texas et la Floride, touchés respectivement par les ouragans Harvey et Irma fin août et début septembre.

Donald Trump avait justifié vendredi les difficultés d'acheminement de l'aide par le fait que Porto est «une île entourée d'eau, beaucoup d'eau, l'eau de l'océan».

Le président devait s'entretenir samedi par téléphone avec plusieurs officiels de Porto Rico, dont le gouverneur Ricardo Rossello, et le directeur de la FEMA, a indiqué la Maison-Blanche.

Il doit se rendre mardi sur l'île avec son épouse Melania.

AFP

Une voiture traverse la rivière San Lorenzo River, dont une partie n'a plus de pont depuis le passage de Maria.