Kenneth Frazier, le PDG du géant américain de la pharmacie Merck, a annoncé qu'il démissionnait de ses fonctions de conseiller économique de Donald Trump pour protester contre les déclarations de ce dernier après les violences de Charlottesville.

«Les dirigeants américains doivent honorer nos valeurs fondamentales en rejetant clairement les manifestations de haine, de sectarisme et toute revendication de suprématie qui nient l'idéal américain voulant que tous les hommes ont été créés égaux», a indiqué M. Frazier, qui est noir, dans un tweet diffusé sur le site de Merck.

«En tant que PDG de Merck et en mon âme et conscience, j'estime de ma responsabilité de prendre position contre l'intolérance et l'extrémisme», ajoute M. Frazier, 62 ans, PDG du groupe pharmaceutique depuis 2011.

Des affrontements entre militants d'extrême-droite et des contre-manifestants ont fait un mort à Charlottesville, en Virginie, samedi. Le président américain a déclenché une polémique samedi en renvoyant à la suite de ces affrontements les deux camps dos à dos.

M. Trump a fait lundi, quelques heures après la démission de M. Frazier, d'autres déclarations à la Maison-Blanche condamnant explicitement les mouvements suprémacistes blancs et d'extrême-droite.

Mais il avait auparavant réagi de manière assez courroucée à l'annonce de M. Frazier, affirmant sur Twitter : «Il aura plus de temps pour se consacrer à réduire les prix totalement abusifs des médicaments».

M. Frazier avait été nommé par Donald Trump après son élection en novembre au sein du «conseil des exportations» (President's Export Council), un cénacle dont la création remonte à 1973 et qui est chargé de le conseiller sur sa politique commerciale.

Il a reçu lundi le soutien d'un de ses homologues, le PDG du géant néerlandais de l'alimentaire et des cosmétiques Unilever. «Merci Ken Frazier de vous dresser en faveur des valeurs morales qui ont fait de ce pays ce qu'il est», a affirmé Paul Polman, qui est Néerlandais, dans un tweet.

La décision de M. Frazier ne semblait pas affecter le cours de l'action de Merck qui progressait de 0,60% à 62,76 dollars à Wall Street vers 13h20.

Merck a une capitalisation boursière de près de 172 milliards de dollars, un chiffre d'affaires annuel de près de 40 milliards de dollars et emploie près de 68 000 personnes dans le monde.

Ce n'est pas la première fois que Donald Trump se retrouve en difficulté face à des PDG de groupes américains, même s'il courtise par ailleurs les entreprises américaines pour qu'elles créent des emplois aux États-Unis.

Le dirigeant du groupe de média et de loisirs Disney, Bob Iger, et celui du constructeur de voitures électriques Tesla, Elon Musk, ont tous deux démissionné du conseil économique assistant le président américain, après sa décision de retirer les États-Unis des accords de Paris sur le changement climatique. Lloyd Blankfein, PDG de la banque d'affaires Goldman Sachs et non membre de ce conseil, avait critiqué cette décision sur Twitter.

Indra Nooyi, la PDG du groupe de boisson Pepsico, elle-même d'origine indienne, avait indiqué dimanche sur Twitter qu'elle était «bouleversée» par les évènements de Charlottesville. Également membre d'un conseil de dirigeants d'entreprises entourant Donald Trump elle n'a toutefois pas fait état de son intention d'en démissionner.