Sous le mot-clic noinformation et en affichant des pages noires sur ses murs en lieu et place des unes du jour, le Newseum, prestigieux musée de Washington dédié aux médias a rendu hommage lundi à 14 journalistes tués en 2016 qui « représentent » tous les disparus de la profession.

« Les journalistes ont fait face l'année dernière à des risques inédits alors qu'ils faisaient leur possible pour couvrir l'actualité, souvent dans des pays où la liberté de la presse est menacée ou n'existe pas », a déclaré le responsable de l'Institut du Newseum, Gene Policinski, lors d'une cérémonie saluant la mémoire des journalistes morts - dont 48 estimés en 2016 - et soulignant les risques menaçant la liberté de la presse.

« Les journalistes salués sur ce mémorial ont sacrifié leurs vies dans l'effort de servir le public, beaucoup d'entre eux continuant à travailler après avoir été attaqués ou avoir reçu des menaces de mort », a-t-il ajouté.

Pour cet hommage, le musée a remplacé les Unes quotidiennes de plusieurs journaux qu'il affiche le long de son bâtiment sur Pennsylvania Avenue par des pages noires pour symboliser une journée sans informations (without news). Aucun journal n'a été présenté non plus à l'intérieur du musée ni sur son site.

Parmi les disparus dont les noms ont été inscrits sur le mémorial du Newseum figuraient le photographe de la radio publique américaine NPR David Gilkey et son confrère et interprète afghan, Zabihullah Tamanna, tués il y a tout juste un an dans une explosion en Afghanistan.

« Nous vivons une époque où de puissantes organisations et les gouvernements savent bien combien la vérité importe, et ils sont prêts à tuer des journalistes, à les emprisonner, à les harceler ou à les menacer pour empêcher que la vérité ne soit dite », a déclaré le directeur de la rédaction de NPR, Michael Oreskes, lors de la cérémonie.

Voici la liste des autres journalistes inscrits lundi au mémorial : Joao Miranda do Carmo du site brésilien SAD Sem Censura, Karun Misra du journal indien Jansandesh Times, Hassan al-Anbaki et Saif Talal de la chaîne irakienne Al-Sharqiya, le photographe indépendant néerlandais Jeroen Oerlemans, tué en Libye, Marcos Hernandez Bautista du journal mexicain Noticias Voz e Imagen de Oaxaca, la Somalienne Sagal Salad Osman de Radio Mogadishu, Pavel Sheremet, tué en Ukraine; ainsi que quatre journalistes tués en Syrie : Mustafa Abdul Hassa de Shaam News Network, Mohammed Marwan al-Issa de Al-Nateq News Network, Samer Mohammed Aboud de la radio Free Deir al-Zour et Sami Jawdat Rabah de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).