Donald Trump peut faire l'objet d'innombrables plaisanteries, mais pas en évoquant une décapitation: la comédienne et présentatrice Kathy Griffin l'a compris trop tard, et a perdu un contrat avec CNN après s'être attirée les foudres de Donald Trump, sa femme Melania et des personnalités de tous bords.

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L'actrice, qui a remporté deux prix Emmy et co-présente depuis 10 ans la soirée du réveillon sur CNN, avait mis en ligne mardi sur les réseaux sociaux des images où elle brandissait une tête décapitée et sanguinolente ressemblant fort au président américain. Des photos prises dans le cadre d'un projet avec le photographe Tyler Shields, qu'elle décrivait elle-même comme de «l'art qui se la pète».

Très vite, les premières critiques fusent sur Twitter, qui soulignent combien le geste de cette comédienne de 56 ans est «idiot» voire «le diable en personne». Certains tweets font le parallèle avec les images de décapitation diffusées par le groupe État islamique (EI). D'autres demandent l'arrêt de sa collaboration avec CNN.

«Dégoûtant mais pas surprenant», réagit dès mardi soir, premier parmi les Trump, le fils aîné du président américain, Donald Trump Jr. «C'est la gauche d'aujourd'hui. Ils considèrent cela acceptable. Vous imaginez si un conservateur avait fait ça quand Obama était président?»

Les condamnations s'emballent ensuite, venues de tout l'échiquier politique, du sénateur démocrate et ancien comédien Al Franken à l'ex-candidat républicain à la présidentielle Mitt Romney, en passant par la fille de l'ancien président Bill Clinton, Chelsea Clinton, qui qualifie la mise en scène d'«abominable».

«Ce n'est jamais drôle de blaguer sur le fait de tuer un président», dit-elle, tandis que le Secret Service, chargé de la protection du président, tweete lui aussi pour rappeler qu'il prend très au sérieux «les menaces contre ceux que nous protégeons».

Donald Trump attendra mercredi matin pour réagir avec rage, par tweet comme à son habitude, évoquant même son dernier fils, Barron, âgé de 11 ans, dont il ne parle quasiment jamais.

«Kathy Griffin devrait avoir honte d'elle-même. Mes enfants, spécialement mon fils de 11 ans Barron ont du mal avec ça. Malade!» lance-t-il sur Twitter.

Quelques heures plus tard, c'est Melania Trump, la femme du président et mère de Barron, qui ne s'exprime quasiment jamais, qui monte au créneau.

«En tant que mère, en tant qu'épouse, en tant qu'être humain, cette photo est très dérangeante. Quand on pense à certaines atrocités dans le monde aujourd'hui, une image comme celle-là ne va pas, on se pose la question de la santé mentale de la personne qui l'a faite», a indiqué la Première dame mercredi.

Mea Culpa 

La comédienne, fervente opposante au président républicain, avait d'abord tenté de se justifier mardi soir en affirmant avoir simplement voulu «se moquer du Moqueur-en-chef», avant de faire son mea culpa via une vidéo sur Instagram.

«Je suis une comédienne, je franchis la ligne, je change la ligne et je la franchis. Je suis allée trop loin, l'image est trop dérangeante. Je comprends que j'ai offensé les gens, ce n'était pas drôle, je le comprends», a-t-elle confessé, en demandant au photographe de retirer les images.

Mais le mal était fait. Une campagne publicitaire avec Kathy Griffin pour la société Squatty Potty, qui fabrique des produits pour les toilettes, est annulée. Et CNN annonçait peu après son renvoi de l'émission du réveillon qu'elle co-présentait avec le journaliste-vedette Anderson Cooper, qui s'était dit «effaré» par les photos dès mardi soir.

«CNN a mis fin à (son) contrat avec Kathy Griffin pour l'émission du réveillon du Nouvel An, a annoncé laconiquement le service de presse de la chaîne.

Le Secret Service, chargé de la protection du président, a indiqué qu'il allait se pencher sur cette affaire.

Depuis les atrocités commises par l'EI, les caricatures utilisant des images de décapitation passent très mal.

Le grand magazine allemand Der Spiegel s'était ainsi retrouvé sous le feu des critiques début février après avoir publié en couverture un dessin du président Trump brandissant la tête décapitée de la statue de la Liberté, qui se voulait une dénonciation de la «décapitation de la démocratie», selon son auteur, Edel Rodriguez.