Donald Trump a prévenu mardi les élus républicains qu'ils risquaient de perdre leur majorité au Congrès américain s'ils votaient contre la réforme de l'assurance-maladie dans deux jours, mettant tout son poids dans la balance pour la première grande loi de son mandat.

Le président des États-Unis a fait un rare déplacement au Capitole pour inciter les 237 membres républicains de la Chambre des représentants à tenir la promesse électorale d'abrogation et de remplacement d'«Obamacare», lors du vote prévu jeudi.

«Une défaite n'est pas acceptable», a-t-il plaidé lors de cette réunion à huis clos au sous-sol du Capitole, selon une personne présente dans la salle.

De l'adoption de cette première réforme dépend tout le reste du programme républicain, notamment la grande baisse d'impôts censée être adoptée ensuite. Pour gagner les législatives de mi-mandat de novembre 2018, il faudra montrer des résultats concrets aux électeurs, a-t-il dit en substance.

«Son message était le suivant: si on ne le fait pas, on perdra la Chambre et le Sénat l'année prochaine», a raconté l'élu Chris Collins, de l'État de New York. «Il a été très franc».

S'agissait-il d'une observation, ou d'une menace d'intervention dans les primaires contre les élus frondeurs ?

«Avec le président Trump, c'est toujours un peu des deux», a dit Matt Gaetz, un élu de Floride. «Le président y est allé très fort contre ceux qui ne soutiennent pas la proposition de loi», selon lui.

Le président du groupe des conservateurs rebelles du «Freedom Caucus», Mark Meadows, a ainsi été interpellé personnellement par Donald Trump.

«Oh, Mark, je ne te laisserai pas tranquille...» a taquiné le président américain.

Mais à la sortie, ce parlementaire a maintenu que le texte n'avait pas les voix requises pour être adopté.

«Le président Trump est venu faire ce qu'il sait faire de mieux: conclure une affaire», a déclaré peu après l'architecte de la réforme, le président de la Chambre Paul Ryan.

Le texte abroge la loi sur la couverture-maladie signée par Barack Obama en 2010 et instaure des réformes visant à libéraliser le marché privé de l'assurance-maladie.

Mais la baisse programmée des aides publiques, notamment pour les populations les plus modestes et âgées, se heurte à l'opposition de plusieurs élus républicains modérés. De l'autre côté, les plus conservateurs estiment que la réforme ne va pas assez loin et conserve trop d'éléments d'«Obamacare».

Une version amendée a été dévoilée lundi soir afin de satisfaire ces deux ailes, mais le suspense reste entier sur sa capacité à recueillir les 216 voix nécessaires, sur 430 élus siégeant actuellement. La minorité démocrate est totalement opposée.

Si le texte est approuvé jeudi à la Chambre, ce sera au tour du Sénat de l'examiner, début avril.