Des centaines de personnes, yéménites ou originaires de ce pays, se sont rassemblées jeudi à New York, pour protester contre le décret de Donald Trump qui empêche les ressortissants de sept pays à majorité musulmane d'entrer aux États-Unis.

Plusieurs dizaines de drapeaux yéménite et américain flottaient dans la foule, qui a entonné notamment «USA! USA!» ou «tous ensemble contre l'interdiction aux musulmans».

Un appel avait été lancé sur le réseau Facebook mercredi, demandant à tous les Yéménites, propriétaires de commerce, de les fermer temporairement en signe de protestation et de se rendre devant la mairie de Brooklyn, où il se sont réunis jeudi en milieu d'après-midi.

Le président Donald Trump a pris vendredi un décret pour suspendre, pour 90 jours, l'entrée sur le territoire américain de tous les ressortissants iraniens, irakiens, libyens, somaliens, syriens, soudanais et yéménites.

La plupart des personnes présentes étaient des hommes, même si quelques poignées de femmes s'étaient jointes au rassemblement.

En plein événement, un appel à la prière a retenti et presque tous les manifestants se sont agenouillés, en direction de La Mecque.

L'épicerie d'Abdulah Fares (32 ans), située à Brooklyn, est ouverte sept jours sur sept, 24 heures sur 24, mais jeudi, il a décidé de tirer le rideau.

«Nous perdons de l'argent, mais tant pis. Si vous ne vous montrez pas, personne ne le fait pour vous», a-t-il expliqué.

Installé aux États-Unis depuis 17 ans, il se dit inquiet pour ses parents qui vivent encore au Yémen et ont fait une demande de visa il y a six mois pour lui rendre visite, mais aussi «surpris» et «fier» de la mobilisation de communauté yéménite.

«Nous travaillons dur, sept jours sur sept, dix à douze heures par jour pour beaucoup d'entre nous», dit-il. «Et nous ne travaillons pas que pour nous, mais pour toute notre famille.»

Il souligne qu'aux États-Unis, les Yéménites sont présents dans la police, dans l'enseignement ou dans les cabinets d'avocats.

«J'ai des cousins, des amis au Yémen. Ils ne peuvent pas rentrer. Ils sont coincés», explique Ali Amari, qui possède deux commerces, un dans le nord de Brooklyn et l'autre dans le sud du Queens.

«Pour moi, c'est le 11-Septembre qui recommence. C'est très dur», explique le trentenaire, qui est né aux États-Unis mais dont les deux parents sont d'origine yéménite.

Il estime que le président a choisi de ne frapper que les pays où il n'avait pas d'intérêts économiques à titre personnel.

«Le président des États-Unis devrait unir la population», a plaidé Kassim Gahmi (42 ans), venu spécialement d'Hartford, dans le Connecticut, où il possède une épicerie.

Son cousin, qui habite le Yémen, fait des demandes de visa depuis trois ans pour venir le voir. «Aujourd'hui, c'est gelé», dit-il.

Pour lui, «les États-Unis sont le plus grand pays du monde parce qu'ils acceptent tout le monde» et doivent continuer de le faire.