Barack Obama et son secrétaire d'État John Kerry avaient directement interpellé la Russie sur ses interférences dans l'élection présidentielle, mais sans révéler publiquement la teneur de leur avertissement pour ne pas peser sur le scrutin de novembre, a indiqué jeudi M. Kerry.

«Je peux vous dire que le président et moi-même avions personnellement soulevé la question auprès des Russes», a confié le chef de la diplomatie américaine devant la presse au département d'État, à deux semaines de son départ du ministère des Affaires étrangères.

Louant le travail des services de renseignement, M. Kerry a souligné que «l'expertise de toute la communauté (du renseignement) vérifiée, re-vérifiée et re-re-vérifiée était arrivée à la conclusion que le gouvernement russe était impliqué dans une tentative concertée d'influencer et d'interférer dans l'intégrité de notre processus électoral».

Mais pourquoi ne pas l'avoir dénoncé publiquement avant le 8 novembre?

«Cela a été mené avec une très grande prudence pour ne pas laisser des gens prétendre que le président, la Maison-Blanche et la communauté du renseignement tentaient d'une manière ou d'une autre de peser sur le résultat de l'élection» remportée par le républicain Donald Trump face à la démocrate Hillary Clinton, a répondu John Kerry.

Refusant d'accuser Moscou d'«acte de guerre» comme l'a fait cette semaine le sénateur républicain John McCain, le secrétaire d'État sortant a qualifié de «sujet très grave» le piratage informatique qu'aurait conduit Moscou contre des responsables du parti démocrate pour tenter de perturber la présidentielle.

Jeudi devant le Sénat, le chef du renseignement américain James Clapper et le chef de l'Agence de sécurité nationale (NSA), l'amiral Michael Rogers, ont maintenu les accusations d'ingérence de Moscou dans l'élection présidentielle américaine.

Ces allégations ont conduit jeudi dernier le président Obama à sanctionner la Russie, notamment en ordonnant l'expulsion de 35 diplomates et agents russes et leurs familles.

Mais le président élu Donald Trump, qui prendra ses fonctions le 20 janvier et qui veut se rapprocher du président russe Vladimir Poutine, a maintes fois affiché son scepticisme sur la responsabilité de la Russie dans le piratage informatique.