Le président désigné des États-Unis Donald Trump a nommé mardi comme ministre de la Santé Tom Price, un républicain antiavortement et farouche opposant à la réforme de l'assurance maladie Obamacare, provoquant des réactions indignées à gauche.

« Il est exceptionnellement qualifié pour mener à bien notre engagement d'abroger et de remplacer Obamacare afin de donner à tous les Américains une couverture santé abordable et accessible », a déclaré M. Trump, cité dans un communiqué.

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« Il y a beaucoup à faire pour s'assurer que nous avons un système de santé qui fonctionne pour les patients, les familles et les médecins », a assuré M. Price, âgé de 62 ans, selon le communiqué.

Le républicain siège pour la Géorgie à la Chambre des représentants depuis 2004. Il a travaillé pendant 20 ans dans le secteur privé comme chirurgien orthopédique.

Ses votes à la Chambre s'opposant à la prise en charge de la contraception, ou encore concernant la protection du foetus et le rejet d'Obamacare sont salués par une grande association américaine luttant contre l'IVG, « National Right to Life », qui lui accorde un sans-faute avec mention spéciale - « Il a voté avec nous » à chacun de ses votes - sur son site.

En revanche, le réseau de planification familiale Planned Parenthood lui donne un score nul. Tom Price a voté contre le financement public de cet organisme et a assuré que la contraception n'avait pas besoin d'être couverte parce que toutes les femmes pouvaient la payer.

« Montrez-moi une femme qui ait été laissée de côté, montrez-en une. Il n'y en a aucune. Le fait est que l'on piétine la liberté religieuse dans ce pays », avait-il dit en 2012 selon un site progressiste ThinkProgress.

Son arrivée à la tête de la Santé a immédiatement suscité des réactions enthousiastes chez les républicains.

« C'est vraiment le meilleur choix », s'est réjoui leur chef à la Chambre des représentants, Paul Ryan, dans un communiqué. « Je félicite le président désigné Trump pour cette excellente nomination ».

Mais les démocrates étaient vent debout : « Nommer (Tom) Price ministre de la Santé, c'est comme demander au renard de garder le poulailler », a ironisé le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer.

M. Price « a démontré qu'il est très loin de ce que pense la majorité des Américains » sur le système public de couverture maladie Medicare, Obamacare ou encore la planification familial, a relevé le démocrate. « Grâce à ces trois systèmes, des millions d'Américains âgés, de familles, de personnes souffrant de handicaps et de femmes ont accès à un système de santé de qualité et abordable ».

L'économiste et éditorialiste du New York Times, Paul Krugman, a réagi à sa nomination d'un tweet laconique : « Des millions de travailleurs et d'électeurs de Trump sont sur le point de découvrir ce qu'ils se sont eux-mêmes infligé ».

Loi emblématique du mandat de Barack Obama, l'« Affordable Care Act » ou Obamacare vise à offrir une couverture santé à des millions de personnes qui en étaient jusque-là dépourvues par manque de ressources ou parce que leur profil médical était considéré comme trop risqué par les assureurs. Mais son fonctionnement est très critiqué.

Les Américains devront notamment payer l'année prochaine en moyenne 25 % de plus pour les primes d'assurance souscrites dans le cadre de l'Obamacare. En cause, l'afflux dans le nouveau système de patients en mauvaise santé qui a fait grimper les coûts.

Après avoir promis pendant la campagne de l'abroger, Donald Trump avait indiqué juste après sa victoire du 8 novembre qu'il envisageait finalement d'en conserver certaines dispositions.

Il semblait notamment prêt à en conserver deux importants piliers : l'interdiction faite aux assureurs de refuser un patient en raison de son état de santé et la possibilité pour des parents de faire bénéficier plus longtemps leurs enfants de leur couverture santé.