Le directeur du renseignement américain James Clapper, qui arrivait à la fin de son mandat à la tête des 17 agences de renseignement américaines, a annoncé sa démission devant le Congrès jeudi.

« J'ai envoyé ma lettre de démission hier soir », a déclaré le directeur du renseignement devant la Chambre des représentants du Congrès américain.

Il quittera effectivement ses fonctions le 20 janvier, jour de l'investiture du nouveau président Donald Trump, selon ses services.

Le directeur du renseignement américain avait déjà évoqué à plusieurs reprises sa satisfaction de partir à la retraite prochainement, et de reprendre une vie plus normale au côté de son épouse.

M. Clapper laisse son poste au moment où arrive à la Maison-Blanche un nouveau président, Donald Trump, qui a jeté un doute sur les évaluations des services de renseignement quant à l'implication de la Russie dans les piratages visant la campagne électorale américaine.

Devant les représentants, M. Clapper a estimé qu'il ne « s'attendait pas un changement significatif du comportement de la Russie » en matière de guerre de l'information.

« Les Russes ont un outil très actif et agressif pour conduire ce que l'on appelle la guerre de l'information ou la guerre hybride », a expliqué M. Clapper. « Cela a toujours été le cas, depuis l'époque de l'Union soviétique ».

« Je m'attends à ce que cela continue », a-t-il dit.

M. Clapper a toutefois estimé que le fait que l'administration américaine dénonce publiquement les piratages russes visant l'élection américaine a eu un effet.

Cela « a coupé court » aux cyberreconnaissances observées dans les systèmes électoraux de certains États américains, a-t-il dit.

D'une manière générale, « je ne peux pas dire quel impact » aura le changement d'administration américaine sur le comportement de la Russie, a-t-il dit.

Le directeur sortant du renseignement américain James Clapper a brossé jeudi un portrait sévère de la Russie de Vladimir Poutine, avertissant en creux le futur président américain Donald Trump sur les difficultés qui l'attendent avec Moscou.

Le milliardaire américain a affiché son intention de nouer avec Moscou une relation plus apaisée, provoquant une certaine inquiétude sur sa fermeté future face à la Russie.

Le président Barack Obama lui-même a dit jeudi à Berlin espérer que M. Trump saura « tenir tête » à Moscou.

Pour M. Clapper, qui s'exprimait devant une commission du Congrès, la Russie ne semble pas pour l'instant renoncer aux comportements dénoncés par Washington.

En Ukraine, la Russie pour l'instant « maintient sa présence » dans la région orientale du Donbass, a-t-il estimé, prévoyant la poursuite des incidents armés entre Ukrainiens et rebelles prorusses.

« Clairement, les Russes veulent maintenir leur influence » en Ukraine, « qui fait traditionnellement partie de la "Grande Russie" », a-t-il estimé.

En Syrie, les Russes « sont clairement là pour rester », a-t-il également estimé.

Les installations militaires qu'ils détiennent dans le port syrien de Tartous forment « la seule base qu'ils aient à l'extérieur de l'ancienne Union soviétique », a-t-il indiqué.

« Je pense qu'ils veulent étendre leur présence à Tartous », a-t-il déclaré.

D'une manière générale, Vladimir Poutine « a joué la carte du nationalisme comme une compensation ou une distraction pour les privations que la population russe continue de subir du fait de la contraction de l'économie du pays », selon lui.

Pendant la campagne électorale américaine, Donald Trump avait refusé d'attribuer à la Russie les piratages contre les démocrates, faisant fi des conclusions de services de M. Clapper.

« Nous avons attendu d'avoir des bases solides » avant d'accuser Moscou, a maintenu jeudi James Clapper. « Et nous avions ces bases par l'analyse des techniques utilisées et par d'autres sources de renseignement », a-t-il souligné.

Le directeur du renseignement américain coordonne l'activité des 17 agences de renseignement américaines, dont les puissantes CIA et NSA.

Il est le principal porte-parole de la communauté du renseignement dans les débats publics américains, apparaissant notamment régulièrement dans des auditions publiques devant le Congrès.