Les événements de dimanche à Orlando auraient pu être prévenus, estime une organisation militant pour le contrôle accru des armes à feu aux États-Unis.

« Le peuple américain, nous en avons assez. Nous en avons assez des tueries. Nous en avons assez des politiciens comme Donald Trump qui prêchent la haine. Nous en avons assez des lois qui permettent aux gens remplis de haine de causer ces tragédies. »

Dan Gross, président de Brady Campaign to Prevent Gun Violence, l'une des plus importantes organisations militant pour un contrôle accru des armes à feu aux États-Unis, a offert un éclairage cru, hier, sur la tragédie qui déchire l'Amérique.

Or le militant n'a pas appelé à ce que les armes d'assaut comme l'AR-15 utilisé par le tueur d'Orlando soient bannies. Une tactique nouvelle, employée de plus en plus fréquemment par les gens qui souhaitent un meilleur contrôle des armes.

Plus de 9 millions de fusils AR-15 sont en circulation aux États-Unis. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, ces armes impressionnantes contribuent peu aux homicides qui surviennent en sol américain :  en 2014, seulement 248 fusils de toutes sortes ont été utilisés dans un meurtre, contre 5500 revolvers.

Plutôt que de montrer certaines armes populaires du doigt, Dan Gross a plutôt parlé de l'importance de limiter l'accès aux armes en général.

« Le débat n'est pas sur le type d'arme, il est sur le type de gens qui les achètent », a-t-il lancé lors d'un point de presse téléphonique avec les médias nationaux et internationaux, auquel La Presse a participé, hier.

Le tueur d'Orlando, Omar Mateen, a pu se procurer des armes même s'il avait fait l'objet d'une enquête par le FBI, qui le soupçonnait de liens avec des terroristes. 

La Floride est l'un des États les plus laxistes en matière de contrôle des armes à feu : selon l'organisation californienne Law Center to Prevent Gun Violence, l'État ne requiert aucune vérification des antécédents pour les ventes d'armes entre particuliers, n'exige ni enregistrement ni permis et n'impose aucune limite au nombre d'armes pouvant être achetées d'un coup.

Aux États-Unis, une écrasante majorité de citoyens sont pour un resserrement dans la vérification des antécédents des gens qui veulent acheter une arme à feu. En octobre, un sondage de CBS/New York Times a montré que 92 % des Américains, incluant 87 % des républicains, sont pour la vérification des antécédents pour tous les acheteurs d'armes - notamment les gens qui achètent des armes sur l'internet, un marché mal contrôlé.

Pourtant, la mesure a été défaite au Congrès américain, notamment en 2013, alors que le Sénat était entre les mains des démocrates. « Aussi choquants et horribles soient-ils, les événements de dimanche à Orlando auraient pu être prévenus, a dit M. Gross. Le Congrès doit faire plus pour garder les fusils loin des mains des personnes dangereuses. »

CHARLESTON « ENCORE SOUS LE CHOC »

Betty Clark, pasteure de l'église Emanuel African Methodist Episcopal (AME) de Charleston, en Caroline du Sud, où un tireur a tué neuf personnes en juin dernier, s'est rendue à Orlando hier afin « d'aider et de soutenir » la communauté touchée par la tuerie de dimanche.

« Il va sans dire que ce n'est pas un plaisir d'être ici, mais c'est notre devoir de dénoncer la violence faite par les armes, a-t-elle déclaré. Presque un an plus tard, notre communauté à Charleston est encore sous le choc. Comme société, nous pouvons faire un meilleur travail afin de protéger les gens innocents. Nous devons avoir des lois plus strictes pour déterminer qui peut avoir accès aux armes. »

Si la vérification des antécédents est une question sur laquelle la quasi-totalité des Américains est d'accord, il en va tout autrement de la question de la légalité de posséder ou non une arme à feu.

En 1960, 60 % des Américains étaient d'accord avec l'idée d'une loi pour interdire la possession de revolvers, alors que 36 % étaient contre, selon un sondage Gallup mené annuellement. En 2015, à peine 27 % des répondants voulaient interdire la possession des revolvers et 72 % étaient contre l'idée.

« Si le FBI vous surveille pour liens terroristes présumés, vous ne devriez pas être en mesure d'acheter une arme à feu, un point, c'est tout. »

- Hillary Clinton

Photo Tony Dejak, Associated Press

Hillary Clinton

« Cette tragédie rappelle à quel point il est facile pour une personne de mettre la main sur une arme qui permet de tirer sur des gens dans une école, une église, une salle de cinéma ou une boîte de nuit. Et nous devons décider si c'est le genre de pays que nous voulons être. Ne rien faire est aussi une décision. »

- Barack Obama

Photo Pablo Martinez Monsivais, Associated Press

Barack Obama

« Soit il ne comprend pas, soit il comprend mieux que quiconque - c'est l'un ou c'est l'autre, et dans les deux cas, c'est inacceptable. »

- Donald Trump, au sujet de Barack Obama. Le candidat républicain insinuait que le président pouvait avoir été au courant que l'attaque à Orlando allait se produire.

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Donald Trump