La ville américaine de Louisville a préparé activement lundi les obsèques hors norme de Muhammad Ali, un événement qui adressera un message universel de paix selon les volontés mêmes du boxeur de légende.

Ces funérailles se dérouleront vendredi en présence d'une foule immense, dans un esprit d'oecuménisme et sous l'oeil du monde entier, ont insisté les organisateurs.

Le comédien Will Smith et l'ancien champion du monde de boxe Lennox Lewis porteront avec six autres personnes le cercueil de l'enfant du pays, né à Louisville en 1942 sous le nom de Cassius Clay.

Will Smith a joué le rôle de Muhammad Ali dans le film de Michael Mann Ali (2001).

Les six autres porteurs sont des proches ou membres de la famille du boxeur disparu, a précisé Bob Gunnell, porte-parole de la famille.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan fera aussi le déplacement dans cette ville du Kentucky, au centre des États-Unis, où le géant noir a donné ses premiers coups de poing.

Après avoir lutté trois décennies contre la maladie de Parkinson, Muhammad Ali s'est éteint à l'âge de 74 ans. Il a lui-même veillé aux détails de ses obsèques.

«Je suis soulagée de savoir qu'il ne souffre plus», a déclaré lundi Laila Ali, une des filles de «The Greatest».

«Quand je pense à mon père, je pense à Nelson Mandela», a-t-elle confié.

Du jamais vu à Louisville

Bob Gunnell a confirmé que The Champ «désirait que tout le monde puisse assister à ses obsèques».

Muhammad Ali est notamment vénéré dans tout le monde islamique pour s'être converti à la foi musulmane en 1964 et avoir défendu les valeurs pacifiques et universelles de l'islam tout au long de sa vie.

Des visiteurs du monde entier sont attendus à Louisville, ville qui a l'habitude de gérer d'importantes foules en organisant chaque année le Kentucky Derby, l'une des courses hippiques les plus réputées d'Amérique.

Mais les obsèques d'Ali seront de l'avis même du maire, Greg Fischer, «quelque chose de probablement inédit».

Les habitants de Louisville et les autres fans de Muhammad Ali, quelle que soit leur religion, sont invités à participer dès jeudi à une prière musulmane au Freedom Hall.

C'est dans cette salle accueillant 18 000 personnes que le boxeur a livré son dernier combat à Louisville, battant Willi Besmanoff le 29 novembre 1961.

Le lendemain, vendredi, une grande procession traversera la ville, dont plusieurs des artères portent déjà le nom de Muhammad Ali.

À une époque où les musulmans sont souvent caricaturés en Amérique, notamment par le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump, certains ont émis le souhait que l'enterrement de Muhammad Ali envoie un puissant signal opposé.

Mais Bob Gunnell a refusé d'entrer dans ces considérations. «Cela n'a rien à voir avec la politique. Cela à voir avec la façon dont Muhammad Ali a passé sa vie».

La grande cérémonie d'obsèques du triple champion du monde catégorie poids lourds sera interconfessionnelle mais présidée par un imam.

Elle se tiendra au KFC Yum! Center - Louisville est la capitale mondiale des nuggets de poulet - en présence de 15 500 spectateurs.

De l'amour, pas de politique

M. Gunnell n'a pas confirmé si le président Barack Obama serait présent, la Maison-Blanche n'ayant donné aucune indication sur le sujet.

En revanche, il est confirmé que l'ancien président Bill Clinton et le comédien Billy Cristal prononceront une partie de l'oraison funèbre.

Les billets pour assister aux cérémonies de jeudi et vendredi seront distribués gratuitement mardi et mercredi, et les organisateurs s'attendaient à de très longues queues pour obtenir les précieux sésames.

Ali, dont la personnalité charismatique a marqué le XXe siècle, sera ensuite enterré de façon plus intime dans un cimetière de Louisville.

Selon le rite funéraire musulman, l'inhumation doit théoriquement avoir lieu dans les 24 heures suivant le décès, ou en tout cas le plus rapidement possible compte tenu des lois locales.

Muhammad Ali sera lui inhumé au septième jour, une entorse justifiée par des responsables musulmans locaux, compte tenu de la dimension extraordinaire du personnage.

Le délai est acceptable, a ainsi expliqué à l'AFP Muhammad Babar, l'un des responsables de la communauté musulmane locale, car «nous devons permettre aux personnes d'Indonésie, de Grande-Bretagne, du Sénégal ou d'Afrique du Sud de venir exprimer leurs condoléances».