Jeb Bush a eu une dure semaine. Le candidat à l'investiture républicaine a été boudé par la gouverneure de la Caroline-du-Sud, Nikki Haley, qui jouit d'une grande popularité. Mme Haley lui a préféré son jeune rival Marco Rubio.

Simultanément, il a été la risée des réseaux sociaux après avoir mis en ligne une photo d'un revolver gravé à son nom, portant l'en-tête « America » (l'Amérique). Les parodies ne se sont pas fait attendre.

Cette semaine est à l'image de la campagne désastreuse que mène l'ancien gouverneur de Floride depuis qu'il s'est lancé dans l'arène il y a huit mois, note Rafael Jacob, chercheur associé à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l'UQAM. « Alors que la campagne en était à ses balbutiements, la presse américaine l'avait couronné comme le candidat [républicain] inévitable pour affronter Hillary Clinton, dit l'expert de l'Université Temple de Pennsylvanie. C'était ne pas voir ses grandes vulnérabilités. »

LE NOM MAUDIT

Son premier talon d'Achille est son nom de famille, croit Rafael Jacob. Héritier d'une véritable dynastie politique, Jeb Bush est le quatrième politicien de sa famille et le troisième à vouloir occuper le Bureau ovale. 

« Le bagage qu'il a hérité des deux présidents Bush est un énorme boulet pour lui. »

- Rafael Jacob, spécialiste des États-Unis 

Son père a été mis à la porte après un seul mandat alors que son frère avait un taux d'approbation catastrophique quand il a quitté la Maison-Blanche. « Il y a une véritable fatigue des électeurs à l'égard des Bush », dit Rafael Jacob.

Surprenant alors que Jeb Bush ait appelé sa mère et son frère à la rescousse, cette semaine en Caroline-du-Sud ? Coordonnateur de l'Observatoire sur les États-Unis, Louis Collerette note que si l'apparition de George W. en Caroline-du-Sud pour chanter les louanges de son « grand petit frère » aurait pu être une mauvaise idée au New Hampshire ou en Ohio, le geste était calculé en Caroline-du-Sud. « C'est un État conservateur et le nom des Bush y est bien vu », affirme le chercheur, qui croit que le scrutin de ce soir dans l'État du Sud est capital.

« Tout se joue pour lui en Caroline-du-Sud. S'il a une bonne soirée, il pourra rester dans la course. Sinon, ce sera vraiment difficile », ajoute M. Collerette.

SOMBRES PRÉDICTIONS

Un résultat brillant pour Jeb Bush en Caroline-du-Sud en surprendrait plus d'un, en commençant par les sondeurs. Selon les prédictions statistiques, Jeb Bush arrivera quatrième ce soir, derrière Donald Trump - qui en a fait son souffre-douleur -, Ted Cruz et Marco Rubio, son ancien protégé.

« La campagne de Jeb Bush est pratiquement terminée, mais il n'est pas prêt à l'accepter. »

- Rafael Jacob, spécialiste des États-Unis 

Difficile pour l'ancien gouverneur de Floride de concéder la victoire alors qu'il a réussi à amasser plus de dons que tous les autres aspirants à l'investiture républicaine. Mais cet argent, dans une course à la Maison-Blanche qui prend des airs de mutinerie contre les élites, semble lui nuire plutôt que lui venir en aide, avancent les experts. « On a longtemps cru que c'était possible d'acheter la présidence américaine, mais cette campagne montre que ce n'est plus le cas », dit Rafael Jacob.

Si Jeb Bush tire sa révérence ce soir, mettra-t-il fin à la dynastie Bush à jamais ? On peut en douter. Son fils aîné, George P. Bush, un grand gaillard de 39 ans, attend déjà son tour en coulisses.

Photo tirée de Twitter

Le candidat à l'investiture du Parti républicain Jeb Bush a été la risée des réseaux sociaux cette semaine après avoir mis en ligne une photo d'un revolver gravé à son nom, portant l'en-tête « America ».