Barack Obama a présenté mardi son ultime budget pour peser sur la campagne présidentielle américaine et lancer des ballons d'essai, à l'image d'une taxe de 10 $ sur le baril de pétrole qui a suscité des cris d'orfraie.

L'épais document, qui se heurtera à l'opposition frontale du Congrès contrôlé par les républicains, n'a qu'une portée législative limitée. Mais il permet au président américain d'afficher une dernière fois - avant son départ en janvier 2017 - ses priorités, du climat à la lutte contre la cybercriminalité.

Le budget table sur une croissance de 2,6 % en 2016 comme en 2017. Selon les prévisions de l'exécutif, le taux de chômage devrait tomber à 4,7 % cette année et 4,5 % en 2017.

Tout en se félicitant du fait que les États-Unis affichent «pour l'instant l'économie la plus forte et la plus durable du monde», la Maison-Blanche reconnaît que le rythme de croissance récent a été «assez modeste» par rapport aux précédentes périodes d'expansion.

La présentation du budget de quelque 4000 milliards de dollars tombe le jour même de la primaire cruciale du New Hampshire, où la dizaine de candidats à sa succession s'affrontent avec l'espoir d'être présents lors de la présidentielle du 8 novembre.

Pour mieux marquer son profond désaccord avec le président démocrate en fin de mandat, le Congrès a d'ores et déjà annoncé qu'il n'organiserait même pas la traditionnelle audition destinée à examiner les propositions de l'exécutif.

Idée de loin la plus audacieuse dans un pays où la question de l'énergie est ultra-sensible : créer une taxe de 10 $ par baril de pétrole qui permettrait de financer un vaste plan d'investissements dans les transports «propres», avec en particulier le développement de lignes à grande vitesse.

Mise en place sur cinq ans, cette taxe, qui serait payée par les groupes pétroliers, mais se répercuterait évidemment à la pompe, aurait comme objectif affiché d'encourager le secteur privé à investir pour réduire la dépendance aux hydrocarbures.

Lutte contre l'EI : +50 %

«Il est important de mettre à profit cette période où les prix du pétrole sont bas pour accélérer la transition énergétique», a expliqué M. Obama, soulignant que cela permettrait d'être dans «une position beaucoup plus forte dans 10, 15 ou 20 ans».

Les associations de défense de l'environnement ont salué l'amorce d'un débat salutaire. Mais l'accueil fut glacial dans le camp républicain. Pour Kevin Brady, président de la Commission chargée des impôts à la Chambre des représentants, c'est juste «une idée horrible».

Autre proposition qui devrait rester lettre morte étant donné le calendrier politique : consacrer quatre milliards de dollars sur trois ans à un projet baptisé «Informatique pour tous» afin de renforcer cet enseignement dans les écoles publiques américaines.

D'autres pistes, comme un «Plan d'action national sur la cybersécurité», pourraient s'avérer plus consensuelles. L'exécutif propose d'y consacrer 19 milliards de dollars en 2017, soit un bond de 35 % par rapport à l'année précédente.

«Les menaces sur la cybersécurité font partie des dangers les plus imminents pour la sécurité nationale et économique des États-Unis», a souligné M. Obama dans une longue tribune publiée dans le Wall Street Journal.

La Maison-Blanche veut aussi donner un coup d'accélérateur à la lutte contre le cancer avec une enveloppe de départ d'un milliard de dollars. L'initiative, baptisée «Moonshot» en référence au programme Apollo de conquête de la Lune, vise à aider les cancérologues à avoir un accès plus rapide à la recherche de pointe.

«Les Américains méritent mieux», a réagi Paul Ryan, président de la Chambre des représentants, ironisant sur ce «manuel d'idées de gauche» destinée à faire enfler les dépenses fédérales.

Sur le front militaire, le Pentagone prévoit d'augmenter de 50 % le budget destiné à financer la lutte contre le groupe État islamique en 2017, à 7,5 milliards de dollars.

Le budget prévoit également de quadrupler, à 3,4 milliards de dollars, l'enveloppe consacrée au renforcement des forces américaines en Europe pour dissuader «l'agression» russe.