La libération surprise de cinq Américains détenus en Iran couplée à la levée des sanctions sonne comme une justification du pari politiquement explosif fait par le président Barack Obama, plaçant ses adversaires républicains sur la défensive.

«Aujourd'hui est une bonne journée», s'est réjoui le président Obama dans une déclaration solennelle depuis la Maison-Blanche saluant la réussite et l'efficacité de la voie diplomatique.

Le jour même de l'annonce samedi de la mise en oeuvre de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu en juillet, vivement décrié par ses adversaires républicains, la Maison-Blanche a joué un atout maître.

Après quatorze mois de hauts et de bas dans des tractations secrètes entre hauts responsables iraniens et américains, Téhéran a libéré samedi quatre Irano-Américains en échange de sept Iraniens poursuivis aux États-Unis.

Un cinquième Américain, Matthew Trevithick, a également retrouvé la liberté dans le cadre d'un accord distinct.

Selon un haut responsable américain, la concomitance des deux dénouements est une coïncidence.

Parmi les quatre hommes libérés dans le cadre de l'échange figurent Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran arrêté en juillet 2014, et Saïd Abedini, un pasteur protestant arrêté en septembre 2012.

Leur cas était un sujet de controverse favori pour les républicains opposés à la stratégie de dialogue menée par Obama à l'égard de l'Iran.

Lorsque l'accord a été conclu en juillet entre les grandes puissances et l'Iran en échange d'une levée des sanctions, M. Obama avait été accusé de «capitulation» et d'avoir abandonné Rezaian et les autres Américains détenus en Iran.

Le chrétien conservateur Ted Cruz, candidat à l'investiture républicaine pour la présidentielle de novembre 2016, conditionnait depuis longtemps un éventuel dialogue avec Téhéran, entre autres, à la libération d'Abedini.

Les républicains ont concentré leurs critiques sur la levée des sanctions et le retour de l'Iran dans l'économie mondiale.

Selon eux, la manne financière récupérée par Téhéran va servir à financer des groupes comme le Hezbollah --sur la liste américaine des groupes terroristes depuis 1995-- ou les rebelles houthis au Yémen.

La diplomatie, pas les bombes 

Les attaques républicaines contre la stratégie diplomatique d'Obama se sont intensifiées cette semaine lorsque dix marins américains ont été détenus par les Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime. Ils ont été libérés moins de 24 heures plus tard, après avoir été présentés devant les caméras iraniennes.

Pour l'administration américaine et ses alliés, cette rapide libération est le signe que la diplomatie fonctionne. Tout comme la remise en liberté quelques jours plus tard des détenus américains en Iran.

M. Obama a ainsi salué dimanche «des progrès historiques grâce à la diplomatie sans passer par une nouvelle guerre au Moyen-Orient».

«Travailler avec l'Iran sur l'accord nucléaire nous a permis d'être en meilleure position pour faire face à d'autres problèmes» avec Téhéran, a-t-il encore ajouté.

Pour David Axelrod, conseiller depuis longtemps du président américain, les événements du week-end «démontrent combien la diplomatie est importante --et n'est pas appréciée à sa juste valeur».

Martin O'Malley, l'un des aspirants à l'investiture démocrate, a adressé un message aux candidats républicains: «La diplomatie bat le tapis de bombes».

Les républicains, majoritaires au Congrès, ont salué la libération des détenus américains mais vigoureusement dénoncé l'argent frais donné à Téhéran.

«C'est clairement un soulagement de voir que des Américains injustement détenus puissent retrouver leurs familles, mais l'accord nucléaire Clinton-Obama donne beaucoup à l'Iran et trop peu en retour», a estimé le leader du parti républicain Reince Preibus dans un communiqué.

Donald Trump, en tête dans les sondages pour la primaire républicaine et qui se présente comme un expert en matière de négociation, s'est demandé si c'était un bon accord.

Pour l'ancien diplomate américain Richard Nephew, qui a négocié avec l'Iran, les jusqu'au-boutistes vont essayer «de prouver qu'ils sont restés "durs" face à leurs adversaires de l'autre capitale et d'apaiser les critiques au niveau national».

Mais, comme l'a répété M. Obama dimanche, de «profondes différences» persistent entre les deux pays. Il a aussi dénoncé les activités «déstabilisatrices» de l'Iran dans la région.

«Retirer le problème nucléaire de la table n'a pas résolu les problèmes en Syrie, au Yémen, ou plus largement les conflits sectaires dans la région», a relevé M. Nephew.