Barack Obama a défendu jeudi soir face à un panel d'Américains ses mesures « de bon sens » pour mieux encadrer les armes à feu qui font quelque 30 000 victimes par an aux États-Unis.

« Je respecte le droit de porter des armes, je respecte les gens qui souhaitent posséder une arme pour se protéger, ou pour chasser, mais il est cohérent de tout faire pour éviter que les armes ne tombent entre de mauvaises mains », a déclaré le président américain sur CNN.

« Nous n'allons pas éliminer la violence par les armes mais nous pouvons la faire baisser », a-t-il ajouté, lors de ce débat au ton mesuré, retransmis en direct depuis l'université George Mason, à Fairfax, en Virginie.

Selon un sondage CNN/ORC publié jeudi, 67 % des Américains sont favorables aux mesures annoncées mardi par M. Obama. Lors d'un discours chargé d'émotion, ce dernier a présenté une série de mesures visant à étendre l'obligation du contrôle des antécédents judiciaires et psychiatriques requis avant une vente d'armes à feu.

Le très puissant lobby américain des armes, la National Rifle Association (NRA), qui revendique quelque cinq millions de membres, a refusé de participer à l'émission, jugeant inutile de participer à « une opération de relations publiques orchestrée par la Maison-Blanche ».

M. Obama, qui a précisé n'avoir jamais possédé une arme à feu, a longuement ironisé sur une organisation qui défend le droit à porter des armes mais refuse de participer à un débat de fond sur le sujet.

« Je suis prêt à parler avec eux mais la conversation doit être basée sur des faits et des vérités, pas sur une fiction selon laquelle "Obama essaye de confisquer les armes" », a-t-il dit.

Dans une tribune publiée simultanément dans le New York Times, M. Obama souligne qu'il ne soutiendra aucun candidat - républicain ou démocrate - qui s'opposerait à un meilleur encadrement des armes à feu.

« Je ne ferai pas campagne, je ne soutiendrai pas et je ne voterai pas pour un candidat, même de mon propre parti, qui ne soutient pas des réformes de bon sens sur les armes », explique-t-il.

M. Obama dénonce régulièrement l'inaction de ses adversaires républicains, majoritaires au Congrès, qui refusent de légiférer sur ce thème.

Jillian Soto, dont la soeur enseignante, Victoria Soto, est morte dans la fusillade de l'école Sandy Hook (Connecticut) en décembre 2012, faisait partie des personnes présentes dans l'assemblée jeudi soir.

« Les décisions prises par le président pour renforcer la réglementation et éviter que les armes ne tombent dans de mauvaises mains nous donnent de l'espoir », a-t-elle expliqué avant le début de l'émission.

Lors d'un meeting à Burlington dans le Vermont, le candidat républicain Donald Trump a de son côté réaffirmé sa conviction que les armes à feu étaient nécessaires pour se défendre face à des attaques terroristes.

Si les victimes des attentats du 13 novembre à Paris avaient été armées, « le bilan aurait été tout autre », a-t-il affirmé.

« Il n'y aurait pas eu 130 victimes (...) il y aurait bien sûr eu des dégâts mais au moins les gens auraient pu riposter, et personne ne peut contester cela », a-t-il affirmé.

Les adversaires républicains de M. Obama jugent à l'unisson qu'en court-circuitant le Congrès, ce dernier a outrepassé ses pouvoirs et foulé aux pieds le deuxième amendement de la Constitution qui stipule qu'il ne pourra être porté atteinte au « droit du peuple » de détenir et de porter des armes.