Militants agitant des drapeaux multicolores, drag queens revendiquant le «mariage pour tous», pasteurs ou juifs ultra-orthodoxes le condamnant se sont croisés mardi, sous un soleil radieux, devant les marches de la Cour suprême américaine dont l'audience était consacrée au mariage gai.

«J'espère que nous sommes du bon côté de l'Histoire !», lancent April DeBoer et Jayne Rowse, devant une forêt de micros alors qu'à quelques mètres plusieurs centaines de personnes, au pied des marches de la plus haute législature américaine, à Washington, scandent «Égalité du mariage! Égalité du mariage!».

Les deux jeunes femmes originaires du Michigan viennent d'assister aux deux heures d'audience où leur cas, celui d'un couple homosexuel voulant adopter ensemble des enfants, a été l'un des cas examinés.

La journée de mardi a été consacrée aux premiers débats. La Cour suprême pourrait prendre en juin la décision historique de légaliser le mariage gai, légal à ce jour dans 37 États, dans tout le pays.

Dans une atmosphère de fête, une foule de plusieurs centaines à un petit millier de personnes, à forte majorité favorable au mariage homosexuel, se sont croisées toute la matinée devant le bâtiment néo-classique de la Cour.

On s'embrasse, on se prend en photo, on scande «Love will win». Un immense drapeau multicolore, emblème de la communauté homosexuelle, est déployé. Des pancartes s'agitent : «L'Amérique est prête pour la liberté du mariage» ou «L'heure de l'égalité du mariage est arrivée».

Un couple d'homosexuels s'enlace, emmitouflé dans un grand drapeau américain.

D'autres outrageusement maquillés à la manière de drag queens et déguisés en nonnes sont là pour «se battre pour l'égalité du mariage», assure l'une de ces «DC Sisters, the Abbey of Magnificent Intentions». Les religieuses «ont soutenu notre communauté», dit-il.

Dans la foule, Lynnan Chartuk est venue de Virginie (est) pour dire : «Il est temps que la Cour suprême en finisse avec la discrimination et légalise le mariage gai que tout le monde ait les mêmes droits».

«Tous égaux»

Une clameur retentit. La salle de la Cour Suprême est en train de se vider. Les dizaines d'avocats et clients descendent les marches et se dirigent, selon un scénario bien huilé à chaque audience, dans un coin dédié à la presse.

L'un des plaignants, James Obergefell, très ému, rappelle le souvenir de John Arthur, son époux aujourd'hui décédé, près de qui il veut un jour reposer en temps qu'époux : «Je me bats pour nos droits. Nous les méritons, comme n'importe quel autre couple», dit-il.

Pour l'avocat Douglas Hallward-Driemeier, qui défend le droit au mariage, «c'est un grand jour en soi que de pouvoir demander à la Cour suprême l'application de la Constitution qui dit que nous sommes tous égaux devant la loi».

Thom Kostura et son époux Ijpe DeKoe, tous deux plaignants, sont émus. «Il y a tellement de gens qui sont là pour nous soutenir, je ne l'imaginais pas avant d'arriver à la cour», dit Thom Kostura.

Pas tous pourtant. Des opposants au mariage gai, tous issus de groupes religieux, manifestent leur désaccord. Un haut-parleur scande «L'homosexualité est une menace à la sécurité nationale» devant des pancartes condamnant pêle-mêle l'avortement, «la sodomie» ou «l'islam».

Le pasteur Larry Hickam est venu d'Amarillo au Texas (sud), pour dire qu'au  «chapitre 19 de l'Évangile selon Matthieu, Jésus qui parle du mariage dit qu'il concerne un homme et une femme. Quelle que soit la décision de la Cour suprême, c'est Dieu qui est notre juge suprême», assure ce pasteur de la Charity Baptist Tabernacle.

Matthew Porter, «ambassadeur du Christ», de l'association DC for Jesus craint que «l'Amérique, si elle légalise le mariage gai, subisse les foudres divines».

Alors que la foule se disperse, des petits groupes de juifs ultra-orthodoxes se regroupent devant les marches et supplient la Cour suprême par mégaphone interposé : «S'il vous plaît, s'il vous plaît, ne légalisez pas le mariage gai, c'est contre Dieu».