La Cour suprême des États-Unis a donné raison mercredi à un ancien policier de l'air qui avait dévoilé à la presse une suppression des effectifs de sécurité sur certains vols, en pleine alerte aux attentats.

Les révélations de Robert MacLean n'étaient pas «spécifiquement interdites par la loi», ont jugé sept juges sur neuf, en déboutant le ministère américain de la Sécurité intérieure. Elles étaient protégées par la loi sur les lanceurs d'alerte, peut-on lire dans cette décision.

En juillet 2003, Robert MacLean avait été alerté par l'Agence de la sécurité aérienne (TSA), au même titre que tous les policiers chargés de la sécurité sur les vols, qu'Al-Qaïda planifiait des détournements d'avions et «considérait les attentats suicide come les méthodes les plus prometteuses pour détruire un avion en vol».

Quelques jours plus tard, cet Air Marshal apprenait que, pour des raisons budgétaires, toutes les missions étaient supprimées jusqu'à début août sur les vols au départ de Las Vegas, où il était alors basé.

«MacLean a trouvé qu'annuler ces missions en période d'alerte aux attentats était dangereux et (...) illégal, car la loi fédérale requiert que la TSA affecte un policier de l'air sur chaque vol qui "présente un risque élevé"», a écrit le président de la haute Cour John Roberts, dans cette décision.

Il considérait «que les vols directs longs courriers, comme ceux visés le 11 septembre 2001, devaient être une priorité», a ajouté le juge Roberts au nom de la Cour.

Quand il a appris par un supérieur que cette décision était motivée par des «économies sur les frais d'hôtel», M. MacLean a contacté un journaliste de MSNBC qui a rendu ses révélations publiques, relate encore la haute Cour.

Aussitôt critiquée par des parlementaires, la TSA avait annulé sa décision et rétabli la présence policière sur les vols de Las Vegas, avant d'identifier le lanceur d'alerte et de licencier M. MacLean, en avril 2006.

Il avait porté plainte et obtenu gain de cause devant une cour d'appel. La Cour suprême a confirmé cet arrêt, en déboutant le ministère américain de la Sécurité intérieure, qui chapeaute la TSA.

Elle estime que la loi de protection des lanceurs d'alertes s'applique ici. Ce texte interdit toute «action personnelle» contre un agent fédéral qui fait une révélation publique si celui-ci croit qu'elle peut empêcher «un danger substantiel et spécifique pour la santé et la sécurité publiques, à condition que cette révélation ne soit pas spécifiquement interdite par la loi».