Le temps de rendre hommage à deux policiers tombés en devoir, les manifestants de New York devront arrêter leurs slogans, ranger leurs affiches et dégager les rues de la ville, où ils ont défilé au cours des dernières semaines pour réclamer une réforme des méthodes policières.

Du moins, c'est l'appel qu'a lancé hier le maire de New York, quelque 48 heures après l'assassinat des officiers Rafael Ramos et Wenjian Liu par un homme de 28 ans qui souffrait de troubles mentaux et traînait un lourd casier judiciaire.

«Il est temps, pour tout le monde, de mettre de côté les débats politiques, les protestations et toutes les choses dont nous parlerons en temps et lieu», a déclaré Bill de Blasio lors du dîner annuel de la Police Athletic League.

«Je demande à tous les groupes qui comptaient organiser des rassemblements politiques ou des protestations de le faire un autre jour. Accompagnons ces familles le long de ce voyage difficile. Le débat pourra reprendre ensuite», a-t-il ajouté.

Plus tôt dans la journée, le chef de la police de New York, Bill Bratton, avait affirmé que le double meurtre était une «retombée directe» des manifestations qui se déroulent à New York depuis la décision d'un grand jury du Missouri de disculper Darren Wilson, policier blanc qui a abattu Michael Brown, un jeune Noir non armé, le 9 août à Ferguson.

Ces manifestations ont redoublé après le non-lieu de Staten Island, où un grand jury a choisi de ne pas inculper Daniel Pantaleo, le policier blanc qui a causé la mort d'Eric Garner, un autre Noir non armé, lors d'une arrestation musclée le 17 juillet.

Dans des messages publiés sur l'internet, Ismaaiyl Brinsley avait évoqué son intention de tuer des policiers pour venger Michael Brown et Eric Garner. Il a mis sa menace à exécution après avoir atteint son ex-amie de coeur d'une balle au ventre.

Il s'est suicidé sur un quai du métro de New York après avoir tué à bout portant les officiers qui se trouvaient dans leur voiture de patrouille près d'une intersection, à Brooklyn.

«C'était un individu violent et très troublé», a déclaré Bill de Blasio, après avoir visité les familles des deux policiers assassinés.

Le maire critiqué

La pause réclamée par le maire de New York survient après qu'il a été accusé par certains politiciens et représentants de syndicats policiers d'avoir contribué à créer un climat de haine envers les policiers.

Hier, après une intervention du gouverneur de New York Andrew Cuomo, les représentants de trois syndicats policiers ont décidé de ne faire des commentaires qu'après les funérailles des officiers Ramos et Lui.

Par crainte de nouveaux meurtres inspirés par ceux de New York, plusieurs services et syndicats de police américains ont par ailleurs demandé hier à leurs membres de redoubler de prudence. Ceux-ci ont notamment été priés de porter des gilets pare-balles et d'éviter de publier des commentaires enflammés sur les réseaux sociaux.

À Newark, au New Jersey, les policiers ont également été avertis de ne pas patrouiller seuls dans les rues de la ville et d'éviter les individus qui semblent rechercher la confrontation.