La ville américaine de Detroit a connu mardi une panne d'électricité majeure affectant la plupart de ses services publics, écoles, mairie, tribunaux et feux de circulation, conséquence selon son maire de «dizaines d'années de négligence des infrastructures».

La situation s'est lentement améliorée dans l'après-midi dans la ville en faillite, et le fournisseur d'électricité locale DTE Energy a estimé que le courant devrait être revenu partout «d'ici la fin de la journée».

Les problèmes ont été causés «par la panne de deux câbles qui ont conduit à une coupure du système», a expliqué le président de DTE Energy, Jerry Norcia lors d'une conférence de presse.

Le maire de la plus grande ville du Michigan (nord), ancien fleuron de l'industrie automobile américaine qui s'était déclarée en faillite l'an dernier, a lié cette panne à des «dizaines d'années de négligence des infrastructures». «Le plan de sortie de faillite (approuvé le mois dernier par la justice) ne règle pas des dizaines d'années de négligence de nos infrastructures et c'est ce que nous avons vu aujourd'hui», a déclaré Mike Duggan durant la conférence de presse.

La panne, survenue peu après 10h a affecté selon lui «presque tous» tous les bâtiments publics.

À 14h, le courant n'avait été rétabli que pour un tiers des usagers concernés.

Ont notamment été affectés les écoles publiques, l'Université Wayne,   la police, la mairie, les tribunaux, certaines prisons et casernes de pompiers, une des casernes se retrouvant même incapable d'ouvrir ses portes, selon les autorités.

Mairie fermée

La mairie a été évacuée, les procès en cours suspendus en pleine audience au Frank Murphy Hall of Justice, fermé pour la journée, tout comme le Detroit Institute of Arts museum.

Plusieurs personnes prisonnières des ascenseurs de la mairie ont du être secourues, selon les médias locaux.

Alors que la ville connaît déjà des températures proches de zéro le jour et négatives la nuit, 87 des 97 écoles publiques ont été privées d'électricité. Elles ont renvoyé leurs élèves chez eux à la mi-journée, demandant aux parents de venir les chercher, pour les enfants ne prenant pas le bus scolaire.

Des dizaines d'autres bâtiments ont été évacués et le «Detroit People Mover», monorail automatique en centre-ville, a aussi suspendu ses opérations «jusqu'à nouvel ordre», en raison de la panne de courant.

Les feux de circulation ont également cessé de fonctionner, créant par endroits des embouteillages. La police a dû intervenir pour réguler le trafic. L'éclairage public était aussi affecté, et au moins un hôpital, le Detroit Receiving Hospital a fait état de problèmes.

Cette panne de courant majeure est intervenue 17 mois après que Detroit, plombée par une chute de ses recettes fiscales, se fut placée sous la protection du régime des faillites en juillet 2013, pour pouvoir renégocier sa dette faramineuse de 18 milliards de dollars, à l'abri de ses créanciers.

La justice a approuvé le 7 novembre dernier son plan de sortie de faillite, qui prévoit d'effacer plus d'un tiers de la dette à long terme (sept milliards) de la ville, au prix d'une mise sous surveillance budgétaire et d'une réorganisation visant à dégager des économies. Le réseau électrique public est progressivement repris par DTE dans le cadre de cette réorganisation.

Detroit, ville à 82% noire dont la population ne cesse de diminuer, comptait l'an dernier 689.000 habitants, contre 1,8 million en 1950. Le chômage y est particulièrement élevé et 38,1% de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon le Bureau du recensement.