Être accessible, plus transparent, admettre ses erreurs et communiquer rapidement: après la décision de Ferguson, le chef de la police de New York a expliqué mardi son approche, alors que sa police est aussi montrée du doigt pour la mort de deux Noirs depuis l'été.

Bill Bratton, qui a pris les rênes de la police new-yorkaise en janvier, a jugé «très choquantes» les émeutes de la nuit à Ferguson. Et il s'est étonné, dans un bref échange avec la presse, du peu de communication des autorités de la petite ville du Missouri (centre) juste après la mort de Michael Brown, le jeune Noir tué en août par un policier blanc.

Après la décision du grand jury de Ferguson de ne pas inculper ce policier Darren Wilson, de très nombreux éléments de l'enquête ont été rendus publics lundi soir, dont le témoignage de M. Wilson racontant une lutte dans sa voiture avec l'adolescent de 1,93 mètre et 130 kilos, évoquant ses menaces et le fait que Michael Brown aurait cherché à s'emparer de l'arme du policier.

«En tant que professionnel de la police, je ne peux pas comprendre (...) pourquoi toute cette information n'a pas été sortie dans les premiers jours», a commenté M. Bratton, selon lequel cela «aurait équilibré l'histoire». À New York, a-t-il ajouté, la pratique aurait été de «sortir ça très vite».

La semaine dernière, M. Bratton n'avait pas hésité à convoquer une conférence de presse, après qu'un policier débutant eut tué par balle un Noir de 28 ans «totalement innocent», Akai Gurley, dans la cage d'escalier obscure d'un immeuble HLM de Brooklyn. Il avait parlé d'«accident» et de «tragédie», et identifié le policier responsable qui s'est vu retirer son arme et son badge.

Cette mort a donné lieu à une petite manifestation de protestation durant le week-end, sans incident.

Le chef de la police a également expliqué mardi qu'il passait beaucoup de temps à parler aux élus locaux, et insisté sur l'écoute et le dialogue nécessaires avec les différentes communautés.

«Tout cela fait partie (de notre volonté) d'être accessibles, d'être aussi transparents que le permet la loi et de répondre à un maximum de questions», a-t-il poursuivi, insistant également sur «le fait de reconnaître les erreurs quand nous en faisons» et sur sa volonté d'améliorer la formation des quelque 34 500 policiers en uniforme à New York.

Pour autant, les relations entre la police et les différentes communautés sont loin d'être au beau fixe dans la plus grande ville américaine.

Manque de confiance 

«Il est clair qu'une part importante de la population de New York n'a pas du tout confiance en la police et nous devons travailler à cela», a reconnu M. Bratton, quelques heures après qu'un homme protestant contre la décision de Ferguson lui eut lancé de la peinture rouge à la figure, lors d'une manifestation à Times Square.

Les relations de la police avec la communauté noire se sont notamment dégradées cet été, après la mort en juillet d'un père de famille noir de 43 ans, Eric Garner, lors d'une interpellation musclée à Staten Island, l'un des cinq arrondissements de New York.

Plusieurs manifestations avaient eu lieu dans les semaines suivantes, dont l'une avait rassemblé dans le calme des milliers de personnes le 23 août, canalisées par le militant des droits civiques Al Sharpton, proche du maire Bill de Blasio.

À ce jour, le grand jury chargé de décider d'éventuelles poursuites contre le policier ayant compressé la gorge d'Eric Garner ne s'est cependant toujours pas prononcé.

Et si le procureur de Brooklyn Kenneth Thompson a demandé une enquête «approfondie» sur la mort d'Akai Gurley, aucune décision n'a été annoncée.

Une nouvelle manifestation était prévue mardi soir à New York, pour protester contre la décision de Ferguson.

Lundi soir, des centaines de personnes avaient manifesté jusque tard dans la nuit, à Times Square -- fermée par d'importantes forces de police -- et Union Square, certains se déplaçant ensuite jusqu'au Triborough Bridge.

Deux manifestants seulement ont été interpellés, dont celui qui avait jeté de la peinture à la figure de Bill Bratton.