À peine annoncés par Barack Obama, les engagements américains pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ont déclenché la consternation des républicains au Congrès, où ils promettent un combat pied à pied contre toute nouvelle réglementation environnementale.

L'annonce surprise par Barack Obama à Pékin que les États-Unis réduiraient de 26%-28% leurs émissions d'ici à 2025 par rapport à 2005 a été accueillie comme un message de mauvais augure pour les deux prochaines années de cohabitation. Les républicains ont conforté leur domination de la Chambre des représentants et emporté la majorité au Sénat lors des élections du 4 novembre.

«Le problème est que le président continue à envoyer des signaux montrant qu'il n'a aucune intention de recentrer sa politique», a dit mercredi à des journalistes Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat, dont il contrôlera l'ordre du jour à partir de janvier.

«Je suis particulièrement alarmé par l'accord qu'il a apparemment conclu avec les Chinois», a poursuivi le puissant sénateur, un accord «qui ne soumet les Chinois à aucune obligation pendant les 16 prochaines années, tandis que ces règlementations sur les émissions de carbone ravageront mon État et d'autres dans le pays».

Premier émetteur mondial, la Chine s'est fixé l'objectif d'un pic de ses émissions de gaz à effet de serre «autour de 2030», la première fois que Pékin s'engage sur une date pour freiner ses émissions.

Le président de la Chambre, John Boehner, a déploré ce qu'il appelle une «croisade» de Barack Obama. «Un accord très mauvais pour les Américains, mais très bon pour l'économie et le gouvernement chinois», a critiqué le sénateur républicain John Barrasso.

Comme de nombreux élus de son bord, Mitch McConnell est un fervent partisan des énergies fossiles, en particulier du charbon, source de 37% de l'électricité américaine et de nombreux emplois dans les mines de son État du Kentucky. Un soutien alimenté par les vastes réserves d'hydrocarbures nord-américaines et la progression des gaz de schiste, promesse d'emplois et de croissance selon eux.

Voie réglementaire 

La politique énergétique est l'une des priorités du Congrès républicain qui prendra ses fonctions début janvier. Le feu vert à la construction de l'oléoduc Keystone XL entre le Canada et les États-Unis sera l'une des premières lois adoptées, ont promis les nouveaux maîtres du Congrès.

Mais les républicains ne sont pas tout puissants, bien qu'ils aient ravi la majorité dans les deux chambres du Congrès.

La Maison-Blanche a choisi d'agir au niveau réglementaire, et non législatif. L'exécutif a conclu, après les expériences cuisantes du traité de Kyoto (signé mais jamais ratifié) et des négociations vaines de Copenhague, que le Congrès n'était pas prêt à voter une loi sur le climat, et encore moins à ratifier un traité international et contraignant.

Depuis 2009, c'est la publication de normes environnementales par l'Agence de protection de l'environnement (EPA) qui a concrétisé l'engagement du président américain à réduire les émissions de CO2, une priorité renouvelée avec emphase après sa réélection en 2012.

En juin dernier, Barack Obama a dévoilé de nouvelles normes pour une réduction draconienne des émissions de CO2 pour les centrales électriques existantes: baisse de 30% d'ici 2030 par rapport à 2005.

D'autres réglementations suivront dans les prochains mois pour les futures centrales, ainsi que pour les véhicules lourds.

Cet arsenal réglementaire, lent à se mettre en place mais du seul ressort de l'exécutif, est difficile à annuler par la voie législative.

Les républicains pourraient tenter de le faire en glissant des articles dans les prochaines lois de finances, une tactique parlementaire éprouvée. Mais ils se heurtent à deux obstacles: d'une part, ils ne disposent pas de la majorité qualifiée au Sénat (60 voix sur 100) pour surmonter une éventuelle obstruction de la minorité démocrate; et d'autre part, le président américain peut opposer son veto à toute loi.

S'ils échouent à «maîtriser» l'EPA durant les deux prochaines années, ils devront se replier sur une autre stratégie: remporter l'élection présidentielle en 2016, et espérer que le prochain occupant de la Maison-Blanche abroge dès 2017 les normes créées par Barack Obama.