Un directeur en Irak de Blackwater avait menacé de tuer le chef des enquêteurs du Département d'État qui menait des recherches sur la société privée de sécurité avant que ses gardes ne commettent un massacre de civils irakiens, a rapporté lundi le New York Times.

Deux semaines avant le massacre, l'enquêteur en chef, Jean Richter, avait également averti que Blackwater se considérait en Irak comme «au-dessus des lois».

Le quotidien américain, qui cite un mémorandum interne du Département d'État, indique que la menace de mort a été lancée quelques semaines seulement avant que des gardes de la société américaine ne tuent par balle 17 civils le 16 septembre 2007, à Bagdad.

Quatre anciens employés de Blackwater sont actuellement jugés aux États-Unis dans le cadre d'une procédure entamée mi-juin et qui pourrait durer des mois.

Les meurtres de civils irakiens ont illustré tragiquement l'impunité dont jouissaient les sociétés privées de sécurité en Irak et ont contribué au ressentiment de la population contre la présence américaine.

Sur la place Nisour de Bagdad, 17 civils irakiens non armés, selon l'enquête irakienne, 14 selon celle des États-Unis, avaient trouvé la mort dans une fusillade déclenchée par des employés de Blackwater qui protégeaient un convoi du département d'État américain dans le cadre d'un contrat d'un milliard de dollars.

De retour à Washington, l'enquêteur du Département d'État, Jean Richter, a averti dans un mémo en date du 31 août 2007, deux semaines avant le massacre, que l'absence de contrôle sur la société avait créé un «environnement plein de manquements.»

Les gardes de Blackwater «se considéraient comme au-dessus des lois», a écrit Richter, dont le document a été posté par le Times.

Selon ce mémorandum, Daniel Carroll, le directeur de projet de Blackwater en Irak, a dit à Richter après une dispute qu'«il pourrait (le) tuer sur le champ et que personne ne pourrait rien faire puisque nous étions en Irak».

«J'ai pris la menace de M. Carroll au sérieux. Nous étions dans une zone de combat où les choses peuvent arriver sans prévenir, et particulièrement quand il est question de sujets pouvant avoir un impact négatif sur un contrat lucratif de sécurité».

Un collègue du Département d'État de M. Richter a confirmé avoir entendu cet échange.

Les responsables de l'ambassade des États-Unis s'étaient rangés du côté de Blackwater et il avait été demandé aux enquêteurs du Département d'État de partir, selon le New York Times.

Blackwater, rebaptisée Xe Services en 2009 puis Academi en 2011, avait vu sa licence révoquée par Bagdad à la suite du massacre et dans le sillage de l'effroi qu'il avait provoqué au sein de la population irakienne.

À son arrivée au pouvoir en 2009, l'administration de Barack Obama avait rompu son contrat liant l'entreprise au Département d'État.