Il aurait dû ouvrir ses portes il y a trois ans. Mais, comme tout ce qui touche à la reconstruction de Ground Zero, le musée du 11-Septembre a fait l'objet de mille et une controverses concernant son financement, son emplacement et son contenu.

Certaines controverses font toujours rage, mais le musée construit sur l'emplacement du World Trade Center sera enfin inauguré aujourd'hui en présence de Barack et de Michelle Obama, des anciens maires de New York Rudolph Giuliani et Michael Bloomberg, et des gouverneurs Andrew Cuomo de New York et Chris Christie du New Jersey.

À la veille de la cérémonie, Michael Bloomberg, président du musée et du mémorial du 11-Septembre, a choisi d'ignorer les polémiques anciennes et actuelles.

«Le musée raconte comment, dans la foulée des attaques, notre ville, notre nation et les peuples du monde ont fait front commun», a-t-il dit lors d'une conférence de presse tenue dans le musée souterrain de sept étages situé entre les bassins du mémorial du 11-Septembre.

«Ce musée, plus qu'aucun livre d'histoire, préservera cet esprit d'unité», a ajouté l'ancien maire.

Le musée ouvrira ses portes au public le 21 mai, après une période réservée aux familles des victimes, aux secouristes et aux anciens travailleurs du World Trade Center, où près de 3000 personnes ont été tuées le 11 septembre 2001.



Le fil de la journée

Comme il se doit, le musée du 11-Septembre est consacré en bonne partie à la reconstitution des attentats par l'entremise de vidéos, d'enregistrements sonores, de photos et de centaines d'objets racontant, minute par minute, le fil de cette journée funeste. Les enregistrements d'appels téléphoniques faits par des gens prisonniers des tours enflammées sont particulièrement émouvants, de même que les photos de désespérés qui ont sauté dans le vide pour échapper à la chaleur intense. Ces images, qui se trouvent dans une alcôve précédée d'un avertissement, constituent les seules représentations de victimes après l'encastrement des avions dans les tours jumelles.



Les victimes

Dans une section baptisée «In Memoriam», le musée du 11-Septembre délaisse les aspects historiques ou politiques de la journée pour rendre hommage aux victimes des attentats. Chacune d'elles est honorée au moyen d'une photo et d'une brève biographie. Des objets fournis par des familles de victimes - chaussures de femmes, casques de pompier, paires de lunettes, etc. - font également partie de l'exposition. On retrouve ailleurs des reproductions de quelques-unes des affiches qui ont tapissé New York après les attentats et qui portaient la mention «disparu» sous la photo d'un être cher. Un hommage est aussi rendu aux six personnes tuées lors du premier attentat contre le World Trade Center en 1993.



Les vestiges

Dès leur entrée dans le musée du 11-Septembre, les visiteurs seront accueillis par un vestige monumental du World Trade Center: deux tridents de 25 mètres de haut qui se trouvaient en façade de la tour nord. Ils découvriront plusieurs autres vestiges en descendant dans les fondements en béton de la structure, dont plusieurs ont été sacralisés. Mentionnons entre autres l'escalier des survivants (Survivor Stairs) utilisé par des centaines de survivants, la dernière colonne (Last Column) couverte d'inscriptions et la cloison étanche protégeant le WTC. Des fragments d'avion, des véhicules de pompiers et le moteur d'un ascenseur font aussi partie des vestiges exposés.



Les controverses

Vraiment ? 24 $ ? Annoncé en janvier, le prix d'entrée au musée du 11-Septembre continue d'en étonner plusieurs. Les responsables le justifient en invoquant un budget annuel de fonctionnement de 63 millions de dollars. Autre polémique: la décision de transférer quelque 8000 restes non identifiés de victimes des attentats dans un reposoir jouxtant le musée. Les visiteurs ordinaires n'auront pas accès au reposoir, mais pourront lire sur un de ses murs extérieurs une citation du poète latin Virgile. Autre controverse encore: le contenu d'un documentaire sur Al-Qaïda qui éclabousserait tous les musulmans, selon un groupe oecuménique. Les photos des kamikazes suscitent aussi un malaise.