Ne rien lâcher: ce pourrait être le slogan des adversaires républicains du président Barack Obama qui, malgré trois années infructueuses, poursuivent leur combat contre la grande réforme du système de santé américain, avec les élections de 2014 dans le viseur.

«On va entendre les républicains parler d'Obamacare pendant toute l'année, et on entendra les démocrates parler de la paralysie fédérale pendant toute l'année aussi», s'amuse David Rohde, expert du Congrès à l'Université de Duke.

Les républicains ont perdu une bataille en octobre, en échouant à abroger la loi, surnommée Obamacare, lors de négociations budgétaires très difficiles qui ont provoqué la première fermeture partielle des administrations fédérales depuis 1996.

Mais ils ont choisi d'intensifier leurs attaques contre la réforme, dont le lancement désastreux d'un volet central le 1er octobre est selon eux le symbole d'un échec plus général.

«La loi sur la santé du président continue de faire des ravages», a martelé le chef de file des républicains au Congrès, John Boehner, mardi. «Elle empêche les gens de garder leur médecin et leur assurance santé».

La réforme impose à tous les Américains d'être assurés à partir de 2014. Les 5% d'Américains qui ne sont pas couverts par leurs employeurs peuvent souscrire à une assurance individuelle, éventuellement subventionnée, via les portails Internet créés par la loi et mis en ligne le 1er octobre.

Mais les couacs s'enchaînent. D'abord, le site fédéral s'est révélé bourré de bugs techniques, une situation résolue depuis ce week-end, selon l'administration.

Ensuite, plusieurs millions d'Américains ont vu leurs polices actuelles résiliées par leurs assureurs, forcés par la loi de proposer des couvertures plus complètes, et donc parfois plus chères.

Avec la refonte des polices d'assurance, certains assurés pourraient en outre ne plus pouvoir consulter leur médecin habituel, ou en tout cas n'être plus remboursés par leur compagnie d'assurance.

Argument électoral

Élément à charge: le cas d'Holli, une électrice de Caroline du Nord qui a écrit à sa représentante au Congrès, Virginia Foxx.

Lisant sa lettre dans l'hémicycle de la Chambre des représentants, Mme Foxx a raconté mardi que l'assurance d'Holli allait passer de 171 dollars par mois à 300. Et qu'en outre, son médecin de famille n'était plus inclus dans son assurance.

Cette histoire --dont le bureau de Mme Foxx, sollicité, n'a pas fourni les détails-- s'ajoute à des dizaines d'autres racontées par les républicains de tout le pays, un plan de communication coordonné et visant à mettre un coup de projecteur sur les «perdants» de la réforme.

L'offensive est aussi judiciaire. La Cour suprême a validé en juin 2012 la réforme, promulguée en 2010, mais plusieurs procédures sont toujours en cours dans des instances inférieures, notamment au nom de la liberté de religion. La loi oblige tous les employeurs à offrir une assurance qui inclut la contraception (les églises sont exemptées mais pas les universités, par exemple).

Pour David Rohde, l'abrogation d'Obamacare est un voeu pieux car le président dispose d'un droit de veto. Mais elle reste le plus petit dénominateur commun d'un camp conservateur déchiré sur de nombreux enjeux de société, comme l'immigration.

«Ils pensent que c'est le sujet qui leur permettra de conquérir la majorité au Sénat», actuellement dominé par les démocrates, dit-il à l'AFP. Les républicains contrôlent aujourd'hui seulement la Chambre des représentants, la chambre basse du Congrès.

Le tiers du Sénat et la totalité de la Chambre seront renouvelés en novembre 2014.

Barack Obama a lancé sa contre-offensive. Jusqu'aux fêtes de fin d'année, il consacrera de nombreuses interventions à défendre Obamacare.

Mercredi, le président avait sa propre histoire à raconter: celle d'une jeune fille atteinte d'une maladie auto-immune et qui, comme 3,1 millions d'adultes de moins de 26 ans, a pu, en vertu de la réforme, continuer à profiter de l'assurance de ses parents pour se faire soigner, sans se ruiner.