Le gouvernement de Barack Obama a demandé jeudi à la justice américaine le rejet d'un appel de détenus de Guantánamo, qui réclament que l'alimentation de force des grévistes de la faim soit interdite.

Une juge fédérale avait rejeté en juillet la plainte dans laquelle quatre prisonniers de Guantánamo - Ahmed Belbacha, Shaker Aamer, Abu Wa'el Dhiab et Nabil Hadjarab - demandaient l'arrêt de l'alimentation forcée par une sonde naso-gastrique qu'ils assimilent à de la «torture».

La juge Gladys Kessler avait qualifié la pratique de «douloureuse, humiliante et dégradante», estimant cependant que les lois adoptées par le Congrès des États-Unis l'empêchaient d'intervenir sur certains aspects de la détention à Guantánamo, dont celui-ci. Elle avait exhorté M. Obama à agir.

Les quatre détenus ont aussitôt interjeté appel devant une cour de la capitale fédérale, mais depuis, l'un d'entre eux, Nabil Hadjarab, a été rapatrié en Algérie et un second, Shaker Aamer, ne compte plus parmi les 34 grévistes de la faim, dénombrés jeudi par les autorités de la prison, dont 31 sont nourris de force.

Sur cette base, le gouvernement Obama demande que la cour d'appel de Washington rejette ce recours, dont «les revendications sont désormais stériles» en raison de ces récents «événements», selon un document obtenu par l'AFP. Cette affaire sera entendue le 18 octobre devant la Cour.

«C'est la politique du ministère de la Défense d'oeuvrer pour préserver la vie et la santé des détenus par les moyens cliniques appropriés et une intervention médicale ordinaire», poursuivent, dans leur document, les avocats de Barack Obama, de Chuck Hagel, ministre de la Défense, et des commandants de la base et de la prison de Guantanamo.

«Rien dans cette procédure ne constitue une "torture" ou un "traitement ou une punition inhumaine et dégradante"», poursuivent-ils, et «les plaignants n'ont pas démontré avoir subi un préjudice irréparable». «Bien au contraire, l'alimentation interne contre laquelle les plaignants protestent les empêche de mourir de faim, leur apporte une nutrition adéquate et les garde en bonne santé».

Depuis six mois, les hommes détenus sur des soupçons de liens ou d'activités terroristes protestent contre leur incarcération sans charge ni procès depuis plus d'une décennie. Au plus fort du mouvement, les autorités de Guantanamo ont décompté 106 grévistes, avec un maximum de 46 nourris de force.