Le détroit de la Floride, une dangereuse région de l'océan qui abrite des requins, des méduses, des courants traîtres et des tempêtes soudaines et violentes, a toujours résisté aux tentatives de conquête de Diana Nyad.

Malgré tout, l'athlète était de retour dans l'eau, samedi, pour sa quatrième tentative en trois ans afin de devenir la première personne à nager de Cuba aux îles des Keys, en Floride, sans utiliser une cage antirequins.

«Je dois avouer qu'il y a une question d'égo, a dit Mme Byad. Si, dans trois ou quatre jours, je suis toujours en train de nager et que je vois la rive... je vais ressentir quelque chose que personne au monde n'a encore ressenti.»

Selon elle, il devrait falloir quelque 80 heures d'efforts pour arriver quelque part entre Key West et Marathon, à plus de 177 kilomètres de La Havane.

Mme Nyad, qui a récemment fêté son 64e anniversaire, a effectué trois tentatives en 2011 et 2012. Son dernier essai a été interrompu en raison de problèmes avec son bateau, de tempêtes, de courants défavorables et de piqûres de méduses qui ont laissé son visage gonflé.

Elle a précisé qu'il s'agirait de sa dernière tentative. Elle s'était engagée à ne pas revenir lors de précédents revers, mais a qualifié ces déclarations de promesses folles effectuées par une épouse au coeur brisé.

«Chaque personne ayant été mariée, le jour après son divorce, lance un «Plus jamais!», dit l'athlète.

«Mais vous devez vous en remettre, votre coeur doit guérir, et très rapidement, ce ne sont pas tous les hommes qui sont mauvais.»

Elle a admis que certaines personnes pourraient se demander pourquoi elle revient à un endroit où elle a été chanceuse de ne pas mourir par le passé.

La réponse, dit-elle, tient à un rêve qu'elle refuse de laisser tomber, et elle affirme qu'elle partage un lien émotionnel avec Cuba sans comparaison possible avec n'importe quel autre endroit qu'elle aurait pu choisir pour une traversée à la nage.

Mme Nyad espère qu'un nouveau masque de silicone la protégera davantage contre les méduses, la nuit, lorsqu'elles remontent davantage vers la surface. Elle portera également une combinaison intégrale, des gants et des bottes. L'ensemble la ralentit, mais elle croit qu'il sera efficace.

Une équipe de 35 personnes l'accompagnera en mer. De l'équipement générant un faible courant électrique autour d'elle est conçu pour éloigner les requins, et elle s'arrêtera de temps en temps pour manger.

L'Australienne Susie Maroney a réussi l'exploit en 1997 dans une cage qui, en plus de protéger un nageur contre les prédateurs, traîne également celui-ci.

Mme Nyad a aussi effectué une tentative ratée à bord d'une cage, en 1978.

Sous les cris de ses partisans, la sexagénaire a sauté à l'eau de la marina Hemingway, samedi matin, dans les eaux chaudes au large de La Havane.

«Je suis remplie d'adrénaline. Ce qui signifie que je suis à moitié excitée. J'ai fait tout l'entraînement. Mon corps est prêt. Mon esprit est prêt. De l'autre côté, j'admets que j'ai peur.»