Même s'il a refusé de décrire Edward Snowden comme un patriote, Barack Obama a reconnu hier que les révélations de l'ancien consultant de l'Agence nationale de sécurité (NSA) ont ébranlé la confiance des Américains à l'égard des programmes de surveillance de leur gouvernement. Aussi a-t-il proposé des mesures destinées à améliorer la transparence, la supervision et les garde-fous de ces programmes lors d'une conférence de presse à la Maison-Blanche, où il a également répondu à des questions sur Snowden, Vladimir Poutine, les Jeux olympiques de Sotchi et Al-Qaïda, entre autres.

NSA

Avant même de répondre à une première question, Barack Obama a annoncé quatre initiatives pour assurer que les programmes de la NSA n'empiètent pas sur les droits des citoyens américains à la protection de leur vie privée. Il a d'abord appelé le Congrès à réformer l'article 215 du Patriot Act, qui permet la collecte systématique des métadonnées téléphoniques par la NSA. Il a appuyé les efforts du Congrès pour réformer le fonctionnement du tribunal secret qui encadre le travail de la NSA. Il a promis de mettre sur pied un groupe de travail indépendant pour conseiller le gouvernement sur l'équilibre à maintenir entre vie privée et sécurité. Et il a déclassifié des documents sur le renseignement.

Snowden

Ceux qui soutiennent Edward Snowden verront dans les mesures annoncées par Barack Obama une victoire pour l'ancien consultant de la NSA. Faut-il voir en lui un patriote? La question a été posée au président. «Non, je ne pense pas que M. Snowden soit un patriote. J'aurais préféré [...] que l'examen de ces lois se fasse dans la légalité", a-t-il répondu. Et d'ajouter: «Il y avait d'autres avenues qui se présentaient à un individu dont la conscience le poussait à remettre en question l'action du gouvernement.» Le président a néanmoins admis que les révélations de Snowden avaient accéléré l'examen des programmes de surveillance de la NSA.

Poutine

Deux jours après avoir annulé son sommet à Moscou avec Vladimir Poutine, le président américain a nié avoir «de mauvaises relations» avec son homologue russe. «Je sais que la presse aime à décortiquer le langage corporel. Il a une mauvaise posture», a déclaré Barack Obama, faisant allusion à des photos récentes où le chef du Kremlin ne semble pas heureux de se retrouver assis au côté de Barack Obama. Le chef de la Maison-Blanche a cependant reconnu que la rhétorique antiaméricaine était en hausse à Moscou depuis le retour de Poutine à la présidence. «J'ai encouragé M. Poutine à regarder de l'avant plutôt que vers le passé, avec un succès mitigé", a dit Obama.

Olympiques

Même s'il est opposé aux lois homophobes promulguées par Vladimir Poutine en Russie, Barack Obama estime qu'un boycottage des Jeux olympiques de Sotchi serait une réponse "inappropriée" à de telles lois. «Nous avons plusieurs Américains qui s'entraînent à fond, qui font tout ce qu'ils peuvent pour réussir», a déclaré le président américain, abordant ce sujet sans y avoir été invité par un journaliste. «Et l'une des choses que j'attends avec impatience, c'est de voir des athlètes gais ou lesbiennes rapporter au pays des médailles d'or, d'argent et de bronze [...] Et si la Russie n'a pas d'athlètes gais ou lesbiennes, cela affaiblira probablement son équipe.»

Al-Qaïda

Barack Obama se félicite souvent d'avoir éliminé le commandement d'Al-Qaïda historique et affaibli l'ensemble de l'organisation. Mais la menace d'attaques terroristes qui a forcé le département d'État américain à fermer plusieurs ambassades ne vient-elle pas contredire ce discours triomphaliste? La question a été posée au président, qui a eu cette réponse: «J'ai dit que l'encadrement d'Al-Qaïda était décimé, mais j'ai aussi dit qu'Al-Qaïda et d'autres extrémistes ont métastasé en groupes régionaux qui peuvent représenter un danger important. Ils sont moins susceptibles de réussir des attentats spectaculaires sur le territoire américain comme ceux du 11-Septembre, mais ils peuvent attaquer nos ambassades.»