La Maison-Blanche prépare un texte de réforme sur l'immigration prévoyant un parcours administratif de huit ans pour les clandestins avant d'obtenir un statut de résident légal aux États-Unis, a rapporté samedi le journal USA Today.

De même source, ce plan demanderait aux dirigeants d'entreprises de vérifier d'ici quatre ans le statut légal des personnes nouvellement embauchées, tandis que les 11 millions de clandestins vivant sur le sol américain, selon les estimations les plus répandues, pourraient être candidats à un visa intitulé «Immigrant légal en devenir».

Pour pouvoir recevoir un tel document, les candidats devraient se soumettre à une enquête sur leurs antécédents criminels, fournir des informations biométriques et acquitter une somme d'argent.

Une fois ce visa obtenu, ils pourraient effectuer une demande de résidence permanente («carte verte») dans les huit années, sous condition d'apprendre l'anglais ainsi que l'histoire et les institutions américaines. Ils seraient également tenus de payer des arriérés d'impôts sur les sommes touchées lorsqu'ils travaillaient illégalement.

Ces formalités passées, ils pourraient être candidats à une naturalisation, selon USA Today qui a affirmé avoir obtenu ce document auprès d'un responsable de l'administration du président Barack Obama, sous couvert de l'anonymat.

Mardi dernier lors de son discours sur l'état de l'Union, M. Obama avait appelé le Congrès à adopter une loi «globale» de réforme du système d'immigration «au cours des prochains mois».

Huit sénateurs - quatre alliés de M. Obama et quatre républicains - ont présenté fin janvier un plan visant à offrir, sous conditions, la perspective d'une régularisation voire d'une naturalisation aux clandestins vivant sur le sol américain.

La nécessité d'une réforme du système d'immigration américain suscite un rare consensus au sein des partis républicain et démocrate, mais pourrait buter à nouveau sur l'opposition de certains élus, notamment conservateurs, comme lors d'une tentative précédente en 2007 sous George W. Bush.

M. Obama a dit qu'il présenterait son propre texte si le Congrès ne parvenait pas à se mettre d'accord rapidement. Les républicains conditionnent une telle réforme à un nouveau renforcement de la sécurité aux frontières, également prévu par le plan de la Maison-Blanche selon USA Today.

Peu après la divulgation du projet par USA Today, les républicains ont rapidement critiqué le texte et exprimé leur colère de n'avoir pas été consultés.

«La Maison-Blanche a fait une erreur en rédigeant un projet de législation sur l'immigration sans chercher la contribution des républicains au Congrès», a regretté le sénateur de Floride Marco Rubio, l'un des responsables de ces questions chez les républicains.

Les propositions de l'administration Obama, «mal ficelées et très imparfaites», seront «déclarées mortes à leur arrivée» au Congrès, a-t-il estimé. Elles «donnent un avantage à ceux qui ont violé les lois sur l'immigration par rapport à ceux qui ont choisi la bonne voie en venant ici légalement», selon M. Rubio.

L'association «Forum national pour l'immigration», partisane d'une réforme du système, a pour sa part jugé que les propositions de la Maison-Blanche étaient «très modérées» mais ne prévoyaient pas de moyens suffisants pour une réforme en profondeur du système.