Les guerres partisanes au Congrès sur la confirmation de son successeur exaspèrent Leon Panetta : le chef du Pentagone veut en finir et «foutre le camp» dans sa ferme californienne pour passer la Saint-Valentin au côté de sa femme Sylvia.

Lors d'une cérémonie de remise de décoration à l'ancienne secrétaire d'État Hillary Clinton au Pentagone jeudi, le secrétaire à la Défense sortant a confié sa lassitude face au blocage politique au Sénat où les républicains tentent de faire obstacle à la nomination d'un des leurs, l'ex-sénateur Chuck Hagel.

Tant qu'il ne sera pas confirmé à son poste et qu'il n'aura pas prêté serment, Leon Panetta demeure le ministre responsable. À son grand regret.

Un beau «cadeau de Saint-Valentin serait de nous permettre à Sylvia et moi de foutre enfin le camp», a-t-il confié sur le ton décontracté qui caractérise ce politicien de 74 ans, dont 50 passés dans les allées du pouvoir à Washington.

«J'ai l'impression que c'est "Un jour sans fin"», a-t-il ironisé, en référence au film dans lequel Bill Murray revit chaque jour la même journée.

«Vous savez, j'ai vidé mon bureau. Sylvia prépare le déménagement. Je suis prêt à y aller», a-t-il insisté en remettant sa décoration à Hillary Clinton.

Tous deux ont fait partie de l'équipe de Barack Obama pendant son premier mandat et réussi à entretenir des relations de proximité.

«La seule chose qui a changé est qu'Hillary et moi sommes un peu plus vieux, un peu moins patients, surtout vis-à-vis du dysfonctionnement politique, un peu moins tolérants pour les "conneries" en général», a-t-il ajouté. «C'est sans doute une bonne chose que nous puissions maintenant nous reposer».

Réputé pour son franc-parler, Leon Panetta ne manque jamais une occasion de rappeler son désir de retourner dans sa ferme de Monterey (Californie) où il cultive des noix.

Lors de ses allocutions devant les troupes, il a souvent raconté un souvenir d'enfance quand il récoltait les noix avec son père, un immigrant italien.

Quand il lui a dit qu'il partait faire carrière à Washington, son père lui a répondu, évoquant les politiciens de Washington, qu'il avait été à la bonne école ayant eu «affaire à des noix toute sa vie».

La politique américaine inquiète Leon Panetta

Face aux menaces de coupes budgétaires automatiques et au processus de confirmation ardu pour son successeur, le secrétaire à la Défense Leon Panetta livre une vision chagrinée et inquiète de la politique américaine, blâmant un Congrès englué dans ses blocages.

Depuis 18 mois, il ne cesse de mettre en garde contre les dégâts qu'occasionnera la mise en oeuvre de coupes automatiques prévues en l'absence d'accord au Congrès sur la réduction de la dette. Pour le seul Pentagone, celles-ci représentent 50 milliards de dollars.

«Vraiment une mauvaise idée», a appuyé le président Barack Obama lors de son discours sur l'état de l'Union mardi soir. La quasi-totalité des élus du Congrès est d'accord, mais ni le Sénat à majorité démocrate, ni la Chambre des représentants dominée par les républicains n'ont été capables de proposer un plan de remplacement.

Lors de son ultime conférence de presse en tant que chef du Pentagone mercredi, Leon Panetta, 74 ans, a livré, comme un testament politique, son sentiment sur le blocage du Congrès et la guerre de tranchées qui paralyse la vie politique américaine.

«Les membres du Congrès doivent comprendre qu'ils ont été élus pour protéger le peuple, pas pour le faire souffrir», a admonesté M. Panetta, qui a lui-même siégé à la Chambre des représentants pendant 17 ans.

«J'espère qu'avec un peu de chance, ils s'en souviendront quand ils travailleront pour trouver une solution».

Les coupes automatiques entreront en vigueur le 1er mars faute d'accord. Pour le seul département de la Défense, 46 000 contrats d'employés civils ont déjà commencé à être supprimés et 800 000 autres employés verront leur salaire amputé de 20 % pendant six mois.

«On ne peut pas rester immobile et se plaindre, on ne peut tout simplement pas rester immobile et rejeter la faute sur les autres», a martelé le ministre.