Des témoins à une audience des accusés du 11-Septembre ont parlé mercredi de «pression» politique et du rôle du renseignement militaire dans le contrôle du courrier et des conversations des détenus avec leurs avocats.

J2, l'agence de renseignement de la coalition militaire de Guantanamo, contrôle les caméras, les micros et tout l'équipement d'écoute installé dans les bureaux, où les accusés du 11-Septembre rencontrent leurs avocats, a indiqué le colonel John Bogdan, qui commande les forces de sécurité à Guantanamo.

Les cinq accusés du 11-Septembre ont boycotté les débats au troisième jour de cette audience, destinée à préparer leur procès pour le meurtre de près de 3000 personnes en 2001 et retransmise sur une base militaire à Fort Meade, dans le Maryland.

Le colonel Bogdan a admis avoir été «furieux» en apprenant récemment l'existence de cet équipement et a confirmé avoir vu deux caméras ressemblant à des détecteurs de fumée dans chacune des 16 cellules du camp Echo 2, où les détenus de grande valeur rencontrent leurs défenseurs mais aussi la Croix rouge internationale.

Il a indiqué que ce matériel, initialement installé par le FBI, était depuis 2008 contrôlé par l'agence J2, qui a accès au camp Echo 2 et procure des informations sur les activités des détenus.

«J2 est propriétaire de l'équipement électronique, le remplace, le répare et procède aux améliorations techniques», selon le colonel Bogdan, qui a la responsabilité du camp Echo 2.

«A ma connaissance, le matériel n'a jamais été utilisé», a ajouté le commandant, vêtu de son uniforme militaire, assurant que «les écoutes des rencontres avocats-clients sont prohibées». Selon lui, l'équipement était destiné à éviter qu'un objet dangereux ne passe entre les mailles du filet des fouilles corporelles.

Auparavant, le lieutenant Alexander Homme a pour sa part admis qu'il rencontrait «beaucoup de pression» dans son travail de surveillance du courrier des accusés.

Il a confirmé ce qu'il avait écrit dans un article d'août 2012: la pression émanait «de plusieurs directions: les avocats, les commandants de Guantanamo et l'influence politique».

Il a reconnu qu'il s'agissait du FBI, du département d'Etat «et de plus». Mais il ne «se rappelle pas avoir jamais eu à traiter directement avec des représentants d'agences du renseignement, autres que le J2».

«Je me souviens avoir rejeté un nombre important de documents», notamment «tout ce qui n'était pas produit par l'avocat», a reconnu par vidéo-conférence l'officier, assigné au tri du courrier des détenus de «grande valeur» de Guantanamo de juillet à décembre 2011. Mais «je n'ai jamais lu le contenu de quoi que ce soit que j'ai contrôlé», a-t-il précisé.

Cheryl Bormann, avocate du Yéménite Wallid Ben Attach, a listé tous les documents juridiques qui avaient été retirés du courrier de son client ou interdits lors de ses rencontres avec lui.

Elle a aussi relevé que ses visites avec M. Ben Attach avaient toujours lieu dans une des huit cellules du camp Echo 2 où l'équipement audiovisuel était toujours en fonctionnement.

Les accusés encourent la peine de mort devant un tribunal militaire d'exception de Guantanamo lorsque le procès s'ouvrira au plus tôt dans un an.