Avec le soutien du pape Benoît XVI, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi à Washington contre l'avortement lors de l'annuelle «Marche pour la Vie» qui prenait plus de relief cette année en raison du 40e anniversaire de la légalisation de l'IVG aux États-Unis.

Brandissant des pancartes «Arrêtez l'avortement maintenant» ou «Défendez la vie», des flots de manifestants «pro-vie» venus de tout le pays ont convergé malgré le froid et la neige sur l'immense esplanade du «Mall» de la capitale américaine avant de défiler devant la Cour Suprême toute proche.

La marche, comme chaque année, rassemblait de très nombreux jeunes, des associations, des églises, des écoles privées très souvent catholiques et des élus au Congrès, pour la plupart républicains.

Les pancartes demandaient «Abrogez Roe vs Wade», du nom de la décision de la Cour suprême qui a légalisé l'avortement il y a 40 ans, le 22 janvier 1973, un droit réaffirmé mardi, jour anniversaire, par le président Barack Obama.

Selon un sondage Gallup publié mardi, 53 % des Américains veulent conserver le droit à l'avortement contre 29 % qui souhaitent l'abroger. 18 % n'ont pas d'opinion.

Le pape Benoît XVI a apporté son soutien sur Twitter: «Je m'unis de loin à tous ceux qui marchent pour la vie et je prie pour que les responsables politiques protègent les enfants à naître et favorisent la culture de la vie».

«Je crois que la vie commence à la conception, on ne peut pas rester sans rien faire et voir des vies détruites et des femmes blessées» par l'IVG, a déclaré à l'AFP une manifestante, Carrie Faur, professeur d'anglais de 23 ans dans un lycée catholique de Virginie (est).

Magdalena Faine, religieuse du Rhode Island (nord-est), est «ici comme catholique. La vie est un droit pour chacun», dit-elle.

Joseph Kneipp, du New Jersey (est), a su il y a 10 ans, seulement après l'IVG, que son ancienne amie avait été enceinte: «Cela m'a brisé le coeur. Cela touche les hommes aussi, on les oublie», dit-il.

Le droit à l'avortement est contesté par un puissant mouvement pro-vie très actif depuis peu au niveau des États, où il cherche à faire promulguer des lois compliquant l'accès à l'IVG.

Jeanne Monahan, présidente de la «Marche pour la Vie», avait affirmé en appelant à la manifestation que «le peuple américain rejette l'héritage de Roe vs Wade et ses 55 millions de victimes. Être pro-vie est la nouvelle norme et les États sont en train de promulguer un chiffre record de lois pro-choix», selon elle.

Ces lois qui portent sur le délai de réflexion comme la taille des portes dans les cliniques, ont pour seul but selon les défenseurs du droit à l'avortement, d'en compliquer l'accès.

Mercredi, une parlementaire républicaine a ainsi déposé un projet de loi au Nouveau-Mexique (sud-ouest), qui a peu de chances de passer, affirmant qu'une femme décidant d'avorter après avoir été victime d'un viol pourrait être accusée de «destruction de preuve» et faire de la prison.

Certaines organisations espèrent également voir un jour la décision de la Cour Suprême abrogée, à l'occasion d'un remaniement éventuel de sa composition.

Quelques dizaines de militants «pro-choix» (pour le droit à l'avortement) s'étaient également rassemblés devant la Cour Suprême, pour réaffirmer «le droit à l'avortement, quand on le veut».

La marche, qui se tient d'ordinaire le 22 janvier, a été retardée cette année en raison des cérémonies d'investiture du président Barack Obama.

Quelque 400 000 personnes avaient manifesté l'an dernier.