Comme prévu, deux sujets ont dominé la première conférence de presse tenue par Barack Obama depuis sa réélection: l'affaire Petraeus et les allègements fiscaux de l'ère Bush. Mais c'est en parlant d'un autre sujet -la performance de l'ambassadrice des États-Unis à l'Organisation des Nations unies (ONU), Susan Rice- que le président a fourni sa réponse la plus enflammée.

Plus tôt dans la journée, les sénateurs républicains John McCain et Lindsey Graham avaient accusé la diplomate d'incompétence ou de camouflage dans l'affaire Benghazi, du nom de la ville libyenne où quatre Américains, dont l'ambassadeur Christopher Stevens, ont été tués le 11 septembre. Les deux hommes ont promis de s'opposer farouchement à sa nomination éventuelle pour remplacer Hillary Clinton au poste de secrétaire d'État.

«Laissez-moi spécifiquement dire à propos de Susan Rice qu'elle a fait un travail exemplaire», a déclaré Barack Obama en réponse à une question sur les propos des sénateurs McCain et Graham. «Elle a représenté les États-Unis et nos intérêts aux Nations unies avec compétence, professionnalisme, solidité et grâce.»

«Si le sénateur McCain, le sénateur Graham et d'autres veulent chercher quelqu'un, ils devraient venir me chercher, moi», a ajouté le président. Il a qualifié de «révoltant» ce qu'il considère comme un effort concerté pour «ternir [la] réputation» de son ambassadrice à l'ONU.

Doutes républicains

Les républicains reprochent à Susan Rice d'avoir déclaré, lors de plusieurs apparitions télévisées le 16 septembre, que l'attaque contre le consulat des États-Unis de Benghazi n'était «pas forcément un attentat terroriste», mais probablement le résultat d'une «manifestation spontanée ayant dégénéré».

Le président a déclaré que cette première version des faits avait été fournie à son administration par les agences de renseignement américaines. Les sénateurs McCain et Graham sont au nombre des républicains qui doutent de la bonne foi du président, allant jusqu'à comparer l'affaire Benghazi au scandale de Watergate.

«Au Watergate, personne n'est mort», a dit hier le sénateur McCain. Il a réclamé une enquête indépendante sur la faiblesse de la sécurité autour du complexe diplomatique de Benghazi et la lenteur avec laquelle la Maison-Blanche a qualifié l'attaque de terroriste.

Témoignage de Petraeus

En attendant la tenue éventuelle d'une telle enquête, la commission du renseignement du Sénat pourra aujourd'hui poser des questions à l'ancien chef de la CIA, David Petraeus, sur les circonstances entourant l'attaque du consulat américain.

Interrogé hier sur le scandale sexuel qui a mené à la démission du général à la retraite, Barack Obama a affirmé ne pas y voir, pour le moment, de «conséquences négatives sur [la] sécurité nationale».

Le président a par ailleurs réitéré sa volonté de mettre fin aux allégements fiscaux de l'ère Bush pour les revenus supérieurs à 250 000$. Il entamera demain avec les dirigeants du Congrès des négociations pour éviter le «mur budgétaire». L'expression fait référence à la coïncidence entre deux événements attendus le 1er janvier 2013: l'expiration des baisses d'impôts de l'ère Bush et l'application automatique de coupes budgétaires et de hausses d'impôts totalisant plus de 500 milliards de dollars.

«Ce que je ne ferai pas, c'est de prolonger des baisses d'impôts pour des gens qui n'en ont pas besoin, alors que cela coûte plus de 1000 milliards de dollars [à l'État fédéral]», a dit Barack Obama lors de sa conférence de presse.