La chef de file de la lutte pour la démocratie en Birmanie, Aung San Suu Kyi, célèbre dans le monde entier pour son combat pacifique contre le régime militaire, a entamé lundi une visite historique de 17 jours aux États-Unis.

La lauréate du prix Nobel de la paix recevra notamment la plus importante distinction du Congrès américain, qui lui a été attribuée en 2008 alors qu'elle était maintenue en résidence surveillée. Sa visite survient alors que le président Barack Obama envisage d'alléger les sanctions américaines contre la Birmanie.

Quelques heures avant l'arrivée de Mme Suu Kyi à Washington, le gouvernement birman a annoncé la libération de plus de 500 détenus qui ont obtenu l'amnistie, dont des prisonniers politiques et des citoyens étrangers.

Aung San Suu Kyi rencontrera mardi la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, et pourrait aussi être invitée à la Maison-Blanche par le président Obama. Elle se rendra ensuite à New York, dans plusieurs États du Midwest et en Californie, où elle prononcera une série de discours et recevra plusieurs distinctions, comme si elle tentait de rattraper le temps perdu après avoir été empêchée de voyager à l'étranger depuis la fin des années 1980.

Depuis la levée de son assignation à résidence à la fin de 2010, Aung San Suu Kyi est passée du statut de dissidente à celui de parlementaire. Au cours des quatre derniers mois, elle s'est rendue en Thaïlande et dans cinq pays d'Europe, où elle a été accueillie avec les honneurs dignes des chefs d'État.

Mme Suu Kyi, vénérée tant par les démocrates que par les républicains, devrait recevoir un traitement tout aussi prestigieux aux États-Unis. Son programme a toutefois été soigneusement planifié pour qu'elle ne vole pas la vedette au président birman, Thein Sein, qui doit arriver aux États-Unis la semaine prochaine pour assister à l'Assemblée générale des Nations unies.

«L'idée qu'elle reçoive la plus haute distinction du Congrès américain dans la rotonde du Capitole, seulement quelques années après sa libération de sa résidence surveillée dans son pays, est tout simplement remarquable», s'est enthousiasmé le représentant démocrate Joe Crowley, qui fait partie des élus qui ont décidé de lui attribuer la médaille d'or du Congrès en 2008, alors qu'elle était encore en résidence surveillée.

Pendant des années, certains des politiciens les plus influents de Washington ont été parmi les plus fervents défenseurs d'Aung San Suu Kyi, dans une rare démonstration de consensus bipartite. Les démocrates et les républicains ont trouvé une cause commune quand le gouvernement américain a imposé des sanctions au régime birman, puis quand il a décidé de les suspendre l'an dernier.

L'administration Obama envisage maintenant d'alléger l'embargo sur les importations de marchandises birmanes aux États-Unis, l'une des dernières sanctions économiques encore en vigueur depuis que Washington a décidé d'alléger ses mesures pour encourager les progrès démocratiques du gouvernement birman.

Le mois dernier, le Congrès américain a renouvelé les sanctions pour une année supplémentaire, mais le président Obama pourrait décider d'y déroger. Il pourrait aussi choisir d'attendre d'autres engagements du gouvernement birman avant de procéder.

La Birmanie a semblé continuer dans la direction des réformes lundi en libérant plus de 500 détenus, qui comprendraient plusieurs prisonniers politiques, selon des militants de l'opposition. Le gouvernement birman a aussi remplacé une agence de surveillance de la presse par un conseil plus progressiste, un geste considéré comme favorable à la liberté d'expression.

Avec des réunions de haut niveau, des cérémonies et des rencontres avec des expatriés birmans, le programme d'Aung San Suu Kyi aux États-Unis promet d'être chargé. Elle est arrivée discrètement à Washington lundi, échappant aux journalistes qui l'attendaient à l'aéroport. Sa rencontre avec Mme Clinton sera suivie, mercredi, par une cérémonie d'honneur au Congrès, ainsi que par des rencontres avec les leaders de la Chambre des représentants et du Congrès. La Maison-Blanche n'a pas encore dit si Mme Suu Kyi rencontrerait Barack Obama.

Aung San Suu Kyi se rendra ensuite à New York, où elle a vécu de 1969 à 1971, quand elle travaillait aux Nations unies. Elle rencontrera  également l'une des plus importantes communautés d'exilés birmans des États-Unis à Fort Wayne, en Indiana. Elle doit aussi s'arrêter à San Francisco et à Los Angeles.