Le film Innocence of Muslims (L'Innocence des musulmans), qui a provoqué de violentes manifestations en Égypte et en Libye, se veut une « description » de la vie du prophète Mahomet, et évoque notamment les thèmes de l'homosexualité et de la pédophilie.

Des extraits de ce film de série B avec des costumes d'amateurs, un scénario confus et des décors artificiels, ont été postés sur l'internet ou diffusés sur des chaînes de télévision privées.

Des acteurs parlant anglais avec l'accent américain y présentent les musulmans comme immoraux et gratuitement violents et tournent en dérision le prophète Mahomet.

Ce film a donné lieu mardi à une manifestation rassemblant plusieurs milliers de personnes devant l'ambassade des États-Unis au Caire, lors de laquelle des protestataires ont remplacé le drapeau américain par un étendard islamique.

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Des appels aux Coptes à manifester contre ce film mercredi soir devant l'ambassade ont été lancés par des organisations de cette communauté chrétienne d'Égypte.

Selon la presse égyptienne et des prédicateurs musulmans radicaux, des Coptes vivant aux États-Unis seraient impliqués dans la réalisation de ce film.

Les Frères musulmans, première force politique d'Égypte dont est issu le président Mohamed Morsi, ont appelé à des manifestations vendredi.

Un journaliste égyptien a de son côté déposé une plainte contre les producteurs et demandé que les Coptes égyptiens qui auraient contribué au film soient déchus de leur nationalité.

Le gouvernement afghan avait indiqué mercredi avoir bloqué le site de visionnage de vidéos YouTube dans le pays pour empêcher le diffusion du film très polémique et hostile à l'islam, avant de se rétracter et de laisser le champ libre au site de partage de vidéos.

« Nous avons reçu des instructions du ministère de l'Information et de la Culture. Nous avons donc ordonné à tous les fournisseurs d'accès (à internet) de bloquer YouTube, jusqu'à ce site enlève le film injurieux », avait indiqué Aimal Marjan, un cadre du ministère de la Communication et des Technologies de l'information.

L'ambassadeur des États unis en Libye et trois fonctionnaires américains ont été tués mardi soir dans l'attaque du consulat à Benghazi, dans l'Est libyen, par des hommes protestant contre ce film.

Le film a été produit et réalisé par un promoteur immobilier Israélo-américain de 54 ans originaire de Californie, Sam Bacile, qui décrit l'islam comme un « cancer » et une religion de haine, selon le Wall Street Journal (WSJ).

Sam Bacile a précisé au quotidien économique américain qu'il l'avait produit avec cinq millions de dollars levés auprès d'une centaine de donateurs juifs, qu'il a refusé d'identifier.

Il assure avoir travaillé avec 60 acteurs et une équipe de 45 personnes pour réaliser en Californie, en trois mois, ce film de deux heures. « Le film est politique. Pas religieux », dit-il.

Manifestations dans le monde arabe

Le long métrage a été défendu par le pasteur américain très controversé Terry Jones, qui s'est attiré de nombreuses critiques par le passé, notamment pour avoir brûlé un exemplaire du Coran et s'être résolument opposé à la construction d'une mosquée près de Ground Zero à New York.

Le pasteur a précisé qu'il comptait montrer un extrait de 13 minutes du film, mardi soir, dans son église de Gainesville, en Floride.

« C'est une production américaine, qui n'a pas pour objectif d'attaquer les musulmans, mais de montrer l'idéologie destructive de l'islam », explique-t-il dans un communiqué publié par le WSJ.

Le réalisateur se terre



Le réalisateur du film qui a suscité de violentes manifestations antiaméricaines en Égypte et en Libye, où elles ont coûté la vie à l'ambassadeur américain, est « bouleversé » et se cache, a déclaré mercredi un consultant qui a travaillé avec lui sur le long métrage.

« Il est bouleversé par le meurtre de l'ambassadeur » Christopher Stevens, a assuré à l'AFP Steve Klein, soulignant qu'il avait parlé au téléphone à Sam Bacile - un pseudonyme, selon M. Klein - plus tôt dans la journée, mais qu'il ignorait où il se trouvait.

Quand il a été mis au courant de la mort de l'ambassadeur américain en Libye, « il s'est effondré », a souligné M. Klein, qui a affirmé être l'une des 15 personnes à l'origine du film.

Sam Bacile est inquiet pour des membres de sa famille en Égypte qui « se cachent eux aussi », a-t-il poursuivi.

Selon M. Klein, Sam Bacile pourrait connaître le même sort que le réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, qui avait été tué en 2004 après avoir créé la polémique avec un film critiquant violemment l'islam. « S'il révèle son identité, il sera sûrement » tué, a estimé M. Klein.

Ce dernier a précisé qu'il ne connaissait le réalisateur que sous le nom qu'il lui avait donné lors de leur première rencontre : Sam Bacile. Selon la presse américaine, il s'agirait d'un promoteur immobilier israélo-américain, mais son nom était introuvable sur l'internet avant les événements des derniers jours.

« Je suis sûr que son vrai nom, c'est autre chose. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle il a choisi "Sam" ou "Bacile" », a conclu M. Klein.