Les États-Unis vont cesser d'expulser de jeunes immigrés sans papiers sur la base de critères précis, une décision favorable aux Hispaniques à l'approche de l'élection présidentielle de novembre.    

Cette annonce s'appliquera aux mineurs qui sont arrivés dans le pays avant l'âge de 16 ans, sont actuellement âgés de moins de trente ans, scolarisés ou ayant obtenu leur baccalauréat et n'ayant aucun antécédent judiciaire, ont expliqué vendredi des responsables américains, avant une annonce en ce sens du président Barack Obama.

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Cette mesure, qui devrait susciter l'opposition vigoureuse des républicains, peut permettre au président candidat de renforcer sa popularité auprès des jeunes et des Hispaniques, dont le soutien peut s'avérer crucial dans certains États-clés.

« Nos lois en matière d'immigration doivent être appliquées de façon ferme et judicieuse », a déclaré dans un communiqué la secrétaire à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano, chargée des questions d'immigration.

« Mais elles ne sont pas conçues pour être appliquées aveuglément, sans tenir compte des circonstances individuelles de chaque cas », a-t-elle poursuivi. « Elles ne sont pas non plus conçues pour perdre des jeunes gens productifs et les renvoyer vers des pays où ils n'ont peut-être pas vécu ou dont ils ne parlent pas la langue ».

Cette décision consacre les objectifs d'un projet de loi -baptisé DREAM Act- soutenu par la Maison-Blanche et qui permettrait, s'il était voté, aux jeunes immigrés arrivés avec leurs parents de devenir des résidents permanents du pays.

Ce projet de loi, auquel le candidat républicain Mitt Romney et les conservateurs s'opposent, n'a pas obtenu l'aval du Congrès.

La ministre de la Sécurité intérieure a anticipé les attaques républicaines en disant : « Il ne s'agit pas d'immunité, d'amnistie, mais d'un processus de décision à la discrétion (des autorités) afin que ces jeunes gens ne soient pas perdus dans le système ». À ses yeux, « ces jeunes ne représentent pas un danger pour la sécurité publique ».

Cette décision ne constitue toutefois pas une solution à long terme pour les immigrés illégaux, ont annoncé les responsables, car elle permettra uniquement le report de deux ans de la procédure d'expulsion, qui pourrait être étendu à deux ans de plus.

Même si les jeunes concernés pourront obtenir un permis de travail, ils ne recevront ni de visa permanent ni la citoyenneté américaine, car de tels changements nécessitent l'approbation du Congrès.

Quelque 11,5 millions d'immigrés sans papiers vivent aux États-Unis et la question de leur régularisation provoque de fortes divisions politiques.

Barack Obama, qui avait obtenu lors de la présidentielle de 2008 le vote très largement majoritaire de la minorité hispanique (15 % de la population), avait promis une réforme de l'immigration lors de son premier mandat, mais ne l'a pas fait une fois élu.