Les États-Unis ont dévoilé mercredi des recommandations pour réduire la sur-utilisation d'antibiotiques dans le bétail qui contribue à une résistance bactérienne dangereuse, une approche jugée très insuffisante par des organisations de défense des consommateurs et au Congrès.

L'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments (FDA) a expliqué que ces mesures non-contraignantes devraient permettre d'éliminer progressivement sur trois ans certains antibiotiques utilisés pour accroître la production de viande.

Mais ces médicaments resteront disponibles pour contrôler et traiter des infections chez les animaux d'élevage, ajoute la FDA.

«Cette nouvelle stratégie vise à faire en sorte que les éleveurs et les vétérinaires soignent les animaux tout en garantissant que les antibiotiques dont la population a besoin restent sûrs et efficaces», a déclaré la directrice de la FDA, le Dr Margaret Hamburg.

Ces mesures font suite à la décision de l'agence début janvier de limiter l'utilisation de certains antibiotiques, dont surtout les céphalosporines, chez les bovins, les porcs et les volailles.

Il est établi que tout usage d'antimicrobiens, à la fois chez les humains et les animaux, contribue au développement de la résistance microbienne aux antibiotiques, insiste la FDA. Il est de ce fait important de les utiliser seulement quand cela est médicalement nécessaire, ajoute l'agence.

A cette fin, la FDA a publié trois documents sur l'utilisation «judicieuse» des antibiotiques, dont le premier recommande aux éleveurs leur élimination progressive.

Le second vise à aider les laboratoires pharmaceutiques à retirer volontairement de leur production certains antibiotiques destinés à doper la production de viande.

Le troisième est une directive vétérinaire réglementant l'alimentation du bétail.

«Ces nouvelles politiques de la FDA sont foncièrement défectueuses», a toutefois estimé le Center for Science in the Public Interest, un groupe de défense des consommateurs.

«La FDA dépend beaucoup trop de la bonne volonté de l'industrie pharmaceutique et des éleveurs pour agir dans le meilleur intérêt du public», ajoute la directrice de centre, Caroline Smith DeWaal.

De son côté, le Natural Resources Defense Council a estimé que «la FDA n'exige rien des éleveurs pour cesser de mettre en danger la santé publique».

La représentante démocrate de New York, Louise Slaughter, seule microbiologiste du Congrès, estime que «cette annonce est un pas en avant mais qu'il faut faire beaucoup plus pour la sûreté de notre alimentation».

Le directeur-adjoint de la FDA, Michael Taylor, a expliqué à la presse que l'agence avait opté pour une approche non-contraignante et non une interdiction pure et simple car celle-ci aurait selon lui déclenché une vague d'actions en justice et pris longtemps à mettre en oeuvre.

«Nous pouvons parvenir à ces changements plus rapidement avec la collaboration des firmes pharmaceutiques et des éleveurs», a-t-il assuré.

Ron Phillips, porte-parole de «Animal Health Institute», qui représente les industries pharmaceutiques produisant les produits et antibiotiques   vétérinaires, a défendu cette approche.

«Quand nos firmes n'offriront plus ces antibiotiques pour doper la croissance du bétail, les éleveurs ne pourront plus s'en procurer», a-t-il dit à l'AFP. Selon lui, «cela constitue un important changement dans l'utilisation des antibiotiques aux Etats-Unis qui s'aligne avec les réglementations en Europe qui interdisent ces médicaments pour accroître la croissance du bétail».