Pour la première fois depuis l'accident de Three Mile Island, en 1979, la Commission américaine de régulation nucléaire (NRC) a délivré un permis pour la construction de nouveaux réacteurs nucléaires aux États-Unis.

La Southern Company, établie à Atlanta, vient de recevoir le feu vert pour ajouter deux réacteurs à sa centrale de Vogtle, en Géorgie, qui en comptait déjà deux.

En point de presse, hier, le PDG de la Southern Company, Tom Canning, a qualifié le moment «d'important et crucial» pour l'avenir énergétique des États-Unis.

«Les deux nouvelles unités de Vogtle vont établir une nouvelle norme pour la sécurité et l'efficacité de l'énergie nucléaire», a-t-il dit.

La décision rendue publique hier a été prise dans la controverse: le président de la NRC, Gregory Jack, un des cinq membres du comité chargé d'étudier la question, a voté contre le projet.

«De nouvelles mesures de sécurité ont déjà été recommandées à la lumière de l'expérience de Fukushima, et nous avons encore beaucoup de travail devant nous, a-t-il écrit dans son rapport. Sachant cela, je ne peux pas appuyer la remise de ces permis, comme si Fukushima ne s'était jamais produite. À mes yeux, c'est ce que nous sommes en train de faire.»

L'annonce survient 11 mois après la catastrophe de Fukushima, au Japon, qui a monopolisé l'attention du monde et fait plonger la cote de popularité de l'énergie nucléaire. L'Allemagne, la Suisse et l'Espagne ont décidé d'interdire toute nouvelle centrale nucléaire sur leur territoire.

14 milliards

Les deux futurs réacteurs de Vogtle sont des réacteurs dits de troisième génération du modèle AP1000, mis au point par le groupe japonais Toshiba et sa filiale américaine Westinghouse.

D'une puissance de 1154 MW, l'AP1000 est un réacteur à eau pressurisée. Il a reçu la certification de la NRC pour le marché américain en décembre. L'un des réacteurs entrera en service en 2016 et l'autre en 2017.

Le projet de la Southern Company coûtera 14 milliards de dollars, dont 8,3 milliards proviendront de prêts garantis par le gouvernement fédéral.

L'administration Obama a donné son aval au projet, et encourage depuis des années l'industrie nucléaire à prendre une place plus importante dans le paysage énergétique américain.

Le nucléaire fournit actuellement environ 20% de l'énergie consommée aux États-Unis.